Boycott ou participation aux présidentielles du 17 avril prochain ? Alors
que le délai de dépôt des candidatures est clôturé (hier à minuit), le FFS
entretient savamment le flou sur sa position laissant encore planer le doute et
l'incertitude sur ses intentions réelles.
« La décision concernant notre position vis-à-vis de l'élection
présidentielle sera connue le 7 mars prochain à l'issue d'une réunion qui
regroupera les membres du Conseil national», a indiqué hier le premier
secrétaire du FFS, M. Betatache, lors d'une conférence de presse à l'hôtel
Novotel (Constantine). Il estimera dans ce contexte que le décor politique de
cette élection n'est pas encore complet et, en conséquence, laissera-t-il
entendre, le FFS peut se permettre un temps de réflexion supplémentaire avant
de trancher la question. «C'est au Conseil national de se pencher sur le
sujet», relèvera encore le conférencier, non sans souligner que cet organe
délibérant du parti FFS qui fonctionne selon un agenda qui lui est particulier,
a tenu sa dernière réunion au début du mois de janvier et que cette prochaine
rencontre prévue pour le 7 mars est la deuxième du genre durant ce premier
trimestre de l'année 2014. Difficile de cerner les contours de la tendance dans
les rangs du plus vieux parti de l'opposition à la veille de cet important
rendez-vous électoral qui retient le souffle de tout le pays. L'ouverture
avant-hier de la session de printemps de l'APN a été boycottée par le groupe
parlementaire de la formation de Hocine Aït Ahmed, lequel groupe a considéré
que cette session est «une plénière protocolaire et sans ordre du jour». Hier
encore, le premier secrétaire du parti est revenu sur ce boycott en précisant
que l'ouverture de la session de printemps a été «une véritable mascarade», et
que «le Parlement continue à avoir un rendement maigre, refusant tous les
débats de fond et sérieux qui intéressent la société». Et de noter que «cette
session intervient alors que le gouvernement poursuit son entêtement à refuser
de présenter la déclaration de politique générale». Aussi, le premier
secrétaire du FFS n'a pas manqué de dénoncer ce qu'il qualifie d'«attitude
hostile» du bureau de l'APN qui a rejeté de nombreuses propositions de loi
formulées par le parti. M. Betatache lui en veut, surtout, pour avoir rejeté la
proposition de loi relative à l'indemnisation des victimes de 1963 et 1965.
«Notre parti poursuivra son combat pour réhabiliter toutes les victimes pour la
démocratie, la liberté et la dignité», a déclaré avec insistance le
conférencier. Enfin, peut-on déduire que ce boycott consommé de l'ouverture de
la session de l'APN, auquel se greffe une vision partisane peu reluisante sur
les libertés démocratiques, en appelle-t-il à un autre de la présidentielle ?
Pas évident, car le FFS n'a boycotté que l'ouverture de la session de printemps
et «ses députés reprendront immédiatement après cette séance leurs places dans
l'Hémicycle du boulevard Zighoud-Youcef», comme l'a souligné M. Betatache. Que
manque-t-il au puzzle pour que le FFS fasse preuve d'un silence prolongé sur sa
position par rapport aux élections présidentielles du 17 avril 2014 ? On
soupçonne que des tractations secrètes avec le pouvoir auraient retardé la
décision. Mais, M. Betatache, réagissant à une question qui voudrait justement
établir un lien entre le suspense entretenu autour de sa participation aux
élections présidentielles et des discussions en cours dans les coulisses entre
le FFS et le pouvoir, affirmera que «le FFS ne traite pas de marchés dans les
pièces sombres». Toutefois, il y a certains détails qui laissent croire que le
FFS ne partage pas la vision de certain(e)s parti(e)s qui ont opté pour le
boycott «actif» de l'élection présidentielle, avec tout ce que cela comporte
comme risque de dérapages incontrôlés. «Nous sommes pour le changement
pacifique», a soutenu M. Betatache qui s'est abstenu de toute déclaration à
l'ENTV. «On doit se contenter de la conférence de presse», a-t-il gentiment
refusé la demande de la journaliste de l'ENTV qui l'a sollicité pour une
déclaration à la télévision publique. Par contre, le FFS profitera de la
présence de ses députés dans la Ville des Ponts pour entamer un travail de
proximité avec la société civile. Un travail de proximité qui sera encore de
mise pour les deux prochains jours dans les wilayas d'Oum El-Bouaghi et Mila,
souligne le premier secrétaire du FFS. Des sorties qui pourraient avoir une
quelconque influence sur la décision du FFS, du moins inspirer sa position
relativement au prochain rendez-vous électoral ? «Non», objectera d'une manière
catégorique M. Betatache, «ces sorties de proximité s'inscrivent dans nos
orientations générales».