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Il écarte sa candidature à la présidentielle : Hamrouche en appelle à l'armée

par Zahir Mehdaoui



Mouloud Hamrouche a mis un terme, jeudi dernier, aux spéculations et supputations autour de sa participation aux élections présidentielles du 17 avril prochain.  «Je demande pardon à celles et à ceux qui ont cru comprendre que ma précédente déclaration était un acte de candidature et je les remercie d'avoir montré tant de confiance, de disponibilité et d'enthousiasme», a-t-il déclaré.

Dans une conférence de presse animée à l'hôtel Safir à Alger, l'ancien chef du gouvernement sous Chadli Bendjedid dira que dans sa déclaration du 17 février dernier, il n'a jamais été question de polémiquer sur la question des candidatures et encore moins sur le renouvellement du mandat de l'actuel président. «Je persiste à dire que les facteurs de blocage sont toujours là, avec ou sans renouvellement de mandat. Ces blocages sont des risques sérieux. Ce sont des impasses qui recèlent de graves menaces, exacerbant les facteurs de division, paralysant les institutions et soumettent les hommes à des pressions impossibles», a déclaré Hamrouche devant une salle archicomble remplie de journalistes de la presse nationale et étrangère mais aussi de militants des droits de l'homme et de simples citoyens qui ont tenu absolument à voir celui qui a gardé le silence, depuis plus d'une dizaine d'années, avant de faire son apparition à la veille d'une élection qualifiée de «charnière» pour l'avenir du pays. Mouloud Hamrouche est convaincu que l'élection présidentielle prochaine est porteuse de dangers, d'instabilité et de menaces sérieuses pour le pays et la nation. «Jusqu'à quand l'encadrement de nos forces de défense, de sécurité, nos cadres et acteurs économiques resteront soumis, à chaque échéance présidentielle et à chaque changement de responsables, à d'intolérables pressions, interrogations et examens de conscience ?», s'interroge l'ancien chef du gouvernement avant de lâcher clairement que le système mis en place depuis l'indépendance est arrivé devant une impasse, en précisant en ce sens que cette impasse s'est aggravée à l'occasion de cette échéance électorale. Mouloud Hamrouche connu pour sa retenue et sa réserve affirme que le système actuel ne peut plus gouverner l'Algérie, en expliquant que dans notre pays, contrairement aux démocraties, les élections sont devenues un «instrument d'exclusion». «On ne sait pas ce qui va se passer le 18 avril, un mois ou une année après l'élection présidentielle», dira Hamrouche qui avertit que cette crise va persister avec ou sans 4e mandat. L'ancien chef du gouvernement est convaincu que le pire risque d'arriver, appelant au passage à la «sagesse et à la responsabilité». Mouloud Hamrouche, qui a évité de critiquer Bouteflika, souligne qu'il n'existe pas de lutte entre clans mais qu'il apparaît, clairement, les prémices de la fin d'un système comme, dit-il, un arbre qui est arrivé à la fin de son cycle.

HAMROUCHE APPELLE L'ARMEE A «SAUVER LE PAYS?»

Hasard du calendrier ou ironie du sort, l'ancien chef du gouvernement a tenu presque les mêmes propos que ceux de février 2004 dans la même salle de l'hôtel Safir où il affirmait en ce temps-là que «les dirigeants des clans ne sont pas disposés à accepter un scrutin libre» et que pour l'heure, «ils ne manifestent que le souci de préserver un statu quo mortifère». Jeudi, Mouloud Hamrouche s'est retenu puis devant l'insistance des journalistes lâche clairement que l'armée doit intervenir pour sauver le pays. «Je mesure parfaitement le poids que subissent les responsables militaires mais il faut qu'ils apportent leur aide pour sortir de cette impasse», a déclaré le conférencier non sans préciser qu'il n'existe aucune division entre l'armée. Puis il ajoute qu'«il n'y a aucune chance d'instaurer un système démocratique sans l'aval de l'armée. Je ne demande pas un coup d'Etat. Je n'appelle pas l'armée à empêcher le président de se représenter. Je l'appelle à sauver l'Algérie de l'impasse». Il ne s'agit pas, de l'avis de Hamrouche, d'impliquer l'armée dans les affaires politiques mais simplement de mettre fin à une «dérive».

Tout le monde a remarqué dans la salle la voix pleine d'amertume de Hamrouche, comme si ce dernier voulait dire quelque chose mais ne pouvait pas le faire pour des raisons qui ne manqueront sûrement pas d'interprétations. Une chose est cependant claire, pour avoir fait partie de ce système, Mouloud Hamrouche affirme que le mode de gouvernance utilisé jusqu'ici est dépassé et est arrivé à son terme. «Le pouvoir actuel ne pourra plus continuer à diriger un pays comme l'Algérie», dira t-il encore, affirmant qu'il gardait toujours l'espoir de voir un jour instaurer en Algérie une véritable démocratie avec de véritables institutions démocratiques. Pour l'ancien chef du gouvernement, qui a été à l'origine des réformes qui ont conduit au multipartisme et à l'ouverture du champ médiatique, le temps est désormais arrivé de «quitter cet esprit d'homme providentiel, sauveur de l'Algérie» pour enfin mettre en place des mécanismes à même de permettre à l'Algérie de goûter enfin à la véritable démocratie.