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Heureusement qu'il y a le pétrole qui fait que l'Algérie ait sa place au
Québec. Pas moins de 30% de la consommation de cette province du Canada
proviennent du sous-sol algérien.
«Des dattes d'Algérie?» Avec un demi-sourire en coin, le commis d'épicerie où je suis un habitué me répond que je devrais «voir plutôt du côté de la bibliothèque, département des archives...» Devant mon air interrogatif, il poursuit: «Deglet Nour, ni vue ni goûtée depuis les années 90. C'est de la vieille histoire». À la SAQ (Société des Alcools du Québec), on tient quasiment le même langage en parlant du vin d'Algérie qui a disparu des étagères depuis les années 90 également. Certes, les produits algériens ne couraient pas les rues, mais présentement, plus rien exception faite pour les hydrocarbures. On estime que les 30% de la consommation du Québec proviennent d'Algérie. Et à cela s'ajoutent ... les bénéficiaires du statut de résidents permanents. Jusqu'à il n'y a pas très très longtemps, la datte d'Algérie faisait des heureux au Canada, surtout au Québec où se trouve concentrée une bonne partie des Maghrébins. La datte de Tolga était très prisée et s'écoulait à un rythme rapide dans les épiceries tenues essentiellement par des Algériens. Le prix était presque dérisoire. Autour d'un dollar et demi la barquette. Mais, évidemment le prix se trouvait parfois multiplié par deux et même plus pendant les mois du Ramadan. Le patron de «L'Algéroise» de Montréal s'en souvient très bien. Lui-même en vendait dans sa pâtisserie dont la renommée n'est plus à faire. «On ne se l'arrachait pas, car à l'époque - dans les années 90 - les Algériens n'étaient pas très nombreux au Canada. Mais il y en avait, tout de même». Et ceux qui y étaient n'hésitaient du tout à en acheter «pour le goût du bled». Quel que soit le prix. Ce qui attirait surtout c'était le caractère mielleux du fruit, sa transparence qui faisait qu'à l'œil nu, on voyait le noyau à travers la chair du fruit? Et tout le monde était content. Aussi bien l'importateur que les revendeurs ainsi que les consommateurs. «C'était la bonne affaire», confirme Khaled, un ancien propriétaire d'épicerie converti aujourd'hui dans les viandes hallal à grande échelle. Les viandes froides, surtout. Ce fut un temps donc où Deglet Nour de Tolga était «tête d'affiche», classée numéro un auprès des Algériens du Canada. D'abord pour le nom, pas loin de Biskra. Ensuite pour le goût. Et enfin pour sa couleur miel. Ce fut un temps, car depuis quelques années déjà, Deglet Nour d'Algérie a disparu de la circulation, tout d'ailleurs comme le vin d'Algérie qui était importé par la Société des Alcools du Québec (SAQ). La raison ne réside nullement dans une question de mévente ou de problème d'importations. Mais plutôt par manque de coordination au niveau de certaines institutions nationales. Néanmoins, Deglet Nour de Tolga rentre bien au Canada mais par des circuits détournés et un label qui, semble-t-il, prête à confusion quant à l'origine exacte du fruit. Les dattes en barquette sont bel et bien vendues comme il y a quelques années. Mais elles ne sont pas achetées, ou peu convoitées, par les connaisseurs. Certains revendeurs, généralement des Maghrébins, prétendent que l'actuelle Deglet Nour en vente dans certaines épiceries du Québec «est d'origine algérienne mais transite par divers pays où elle est conditionnée et exportée avec des labels de certains pays voisins». Tout laisse croire qu'elle provient de divers pays, alors «qu'en réalité, elle est purement algérienne. À 100%, sans aucun doute». Et dire que plusieurs autres produits peuvent aisément pénétrer le marché canadien? «C'est juste une question de suivi et de lobbying?» relancent les professionnels du secteur. |
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