|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Que faire ? Beaucoup d'Algériens se posent la
question au lendemain de l'annonce faite par Sellal de la candidature du
président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat. Même les plus prudents
ont reçu, le moral en berne, le message qui accompagne la candidature : le
régime ne bouge pas d'un iota. Il y a, c'est le moins que l'on puisse dire, le
sentiment que l'on se moque de l'intelligence des Algériens et surtout que l'on
table, dangereusement, sur leur infinie patience.
Ceux qui conservaient l'espoir, ténu, que l'élection présidentielle pourrait servir de point de départ à une réforme graduelle et ordonnée du système politique, l'ont définitivement perdu. L'élection, sauf gros impondérable, a été réduite à une simple formalité. Que des candidats, comme Ali Benflis qui n'ignore rien de ce que veut dire la candidature d'un président en poste, aillent jusqu'au bout ne change rien à la partie. Le processus de reconduction du statuquo est en marche alors que le système a atteint un niveau d'impotence gravissime. L'inquiétude est d'autant plus grande que les perspectives en matière de revenus pétroliers et gaziers sont à la baisse. L'Algérie, disent les experts unanimes, a mangé son pain blanc dans ce domaine et les prochaines années s'annoncent difficiles. Comment relever les défis à venir sans amorcer une réforme du système en place ? Beaucoup d'Algériens se posent depuis des années la question. Ils ont éliminé, par expérience, les tentatives de changement par la rue ou par la «révolution», en raison des coûts faramineux que cela engendre. Une attitude réaliste qui tablait sur l'idée qu'il y aurait suffisamment de sagesse et de lucidité au sein des responsables qui sont dans le système pour comprendre qu'il faut changer. Cela se décline sur tous les tons, avec l'argumentaire économique, les mises en garde sur les évolutions géopolitiques, la mise en avant des recompositions mondiales en cours où l'on ne s'embarrasse pas, quand cela est nécessaire, ni des formes, ni des Etats-nations. Même le Coran est souvent cité : «N'y a-t-il pas parmi vous un homme raisonnable ?» ! Le peu d'espérance dans la possibilité d'une issue qui viendrait du système commence à se perdre dans un climat d'abattement. Que faire ? La vieille question léniniste est devenue algérienne depuis des décennies. Elle l'est d'autant plus que contrairement à la tradition du mouvement national et de la révolution, les acteurs du régime ne semblent plus en mesure de faire prévaloir la «cause» et donc de mettre en œuvre des solutions qui la servent. Ou du moins qui ne la desservent pas. Ceux qui tiennent les leviers du système l'ignorent-ils ? N'ont-ils pas de «remontées» sur le désarroi qui s'est installé dans le pays et notamment chez ses cadres ? Se contentent-ils d'entendre le discours creux de la «stabilité» qui vient des serviteurs ? Quel rôle peuvent avoir ceux qui avec lucidité pointent les risques graves pour le pays qu'engendre cette fuite en avant dans le statuquo ? Il n'y a pas de possibilités d'action dans le système, les verrous ont été mis. L'autisme y est de mise. Mais que cela ne les empêche pas de continuer à s'adresser aux Algériens pour les préparer à rechercher les voies les moins coûteuses. Car, on le sait tous confusément, la crise ne va que s'aggraver. Il ne faut pas que l'effondrement possible du système emporte le pays avec lui. C'est à cela qu'il faut préparer les Algériens. Ils sont à l'écoute. |
|