Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Après deux lettres de «crise», une instruction sur les présidentielles : Bouteflika maintient le voile sur ses intentions

par Salem Ferdi

Après deux lettres de «crise» pour tenter de calmer les tempêtes qui agitent le sérail depuis la sortie «historique» d'Amar Saâdani contre le chef du Département du Renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Mediene, dit Toufik, le président Abdelaziz Bouteflika a rendu publique, jeudi, une instruction «ordinaire» relative à l'élection présidentielle.

Un message de routine pour demander à l'administration d'appliquer la loi et de veiller au respect de la neutralité. Le message s'adresse aux médias publics de faire preuve de «rigueur professionnelle et de professionnalisme en vue de garantir un traitement équitable pour tous les candidats, tant lors de la campagne électorale que durant la phase qui la précède». Pour la presse privée, c'est un «souhait» qu'il formule de la voir avoir le «même sens du devoir professionnel en respectant l'éthique de la profession qui exige de faire prévaloir l'objectivité lors du traitement des informations relatives à cet important évènement». Une instruction de routine qui aurait pu ne pas être faite dès lors qu'elle fait référence à la loi en vigueur censée être respectée. Mais, une instruction qui permet au président d'être «présent» sur la scène politique dans l'optique de l'élection présidentielle et non plus dans les batailles du sérail. Mais si cette instruction -c'est le troisième message écrit depuis le 11 février- permet de maintenir une «présence» sur la scène, elle ne répond pas à la seule question qui intéresse les candidats proclamés ou potentiels : est-il ou non candidat à un quatrième mandat ? Le dernier message est lu par les partisans de Bouteflika, qui sont en campagne depuis des mois, comme un signe de plus qu'il compte rempiler pour un nouveau mandat et qu'il n'a pas «besoin» d'une administration partiale pour l'emporter. Mais c'est un message classique qui n'est jamais parvenu à passer sauf pour ceux qui assument jusqu'au bout leur rôle de lièvre ou y «croient» jusqu'au bout.

DES GARANTIES ?

Dans le contexte actuel et avec le climat de crise qui règne au sein du pouvoir, les garanties rappelées par Bouteflika et les «sommations» adressées à l'administration ne passeront pas s'il est lui-même candidat à sa propre succession. Même si l'administration est «neutre», les autres candidats constatent que le «dispositif de la reconduction» est déjà en place. Le choix du boycott des élections annoncé par certains partis est lié à la conviction que les jeux seront pipés avec une candidature de Bouteflika. Pour certains de ces partis, la persistance à vouloir maintenir ouverte l'option d'un 4ème mandat alors que l'état de santé du président pose problème est un signe que l'on a choisi l'option du statuquo. Certains sont engagés dans la course aux présidentielles en se disant qu'en définitive, le président ne sera pas dans la course. Mais rien n'indique qu'il ne le sera pas. Si les batailles du sérail débordent dans la presse, il n'y a aucune information sur le choix du président ni si ce choix a été «déjà fait» ou s'il se «négocie» encore.

BENFLIS, COMME EN 2004 ?

Le seul message que la lettre transmet de manière claire est que l'élection présidentielle aura bien lieu le17 avril. Car ce n'est pas cette instruction qui peut constituer une «garantie» d'un jeu ouvert pour les postulants. Sa candidature aura pour effet de rendre cette garantie caduque. Pour certains analystes, c'est ce qui explique que Bouteflika attendra l'ultime moment pour se prononcer. Mais selon nos informations, des candidats en vue se retireraient si l'option d'une candidature se confirmait. Ali Benflis, qui a indiqué -imprudemment ?- qu'il irait aux élections avec ou sans Bouteflika, resterait le seul «candidat» qui donnerait du crédit à la course. Comme une sorte de remake de 2004...