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AÏN-TEMOUCHENT: Dar El Ihsan attend toujours

par Mohamed Bensafi

Pour ceux qui ne connaissent pas Dar El Ihsan, c'est une association pour personnes âgées. Elle est gérée par d'anciens cadres et fonctionnaires de l'Etat aujourd'hui à la retraite. Son foyer -le 3ème du genre après ceux de Blida et Tlemcen- se trouve à Haï Sidi-Saïd, à l'entrée ouest d'Aïn-Temouchent, à un jet de pierre de la cour de justice. Il a ouvert ses portes en 2004. C'est une véritable bouée de sauvetage pour les démunis et les gens de passage. Ce «resto du cœur» est le seul ouvert durant tout l'hiver dans toute la wilaya. L'imposante bâtisse se voit chaque jour à midi assaillie par des centaines de personnes qui y convergent en quête d'un repas chaud.

Un service pour les hommes au rez-de-chaussée où l'hygiène est irréprochable et où l'accueil et la dignité sont dignes d'une chaleur familiale. Une autre salle, réservée uniquement aux femmes, est aménagée au 1er étage, où une trentaine (en comptant les enfants) sont prises en charge avec beaucoup de respect et surtout de discrétion. Un grand coup de chapeau à ces bénévoles au grand cœur qui, chaque jour, donnent de leur temps et de leur énergie pour apporter, un tant soit peu, de chaleur humaine et de réconfort à leur prochain dans le besoin. Les repas, comprenant un potage, un plat de résistance, des fruits, sont préparés chaque jour par cette petite armée de femmes bénévoles. D'autres s'occupent de la mise en table avant l'arrivée des habitués qui commencent à se présenter devant l'entrée vers 11h30. Le sourire et le gentil mot de bienvenue en prime, ce qui ajoute à la convivialité des lieux. Dans la salle, nous avons constaté la présence de plusieurs citoyens avec de gros sacs posés à leurs pieds, venus d'ailleurs qui, selon Mimoun Benkhal, président de l'association, sont considérés comme tous les autres qui se présentent et sont donc pris en charge sans discrimination. «Nous n'avons pas à chercher à savoir d'où ils viennent, ni de quelle commune ils sont, ni encore moins leur nombre», ajoute Mimoun. Lui qui, il faut le reconnaître, délaisse son atelier de mécanique pour se dévouer, comme les autres d'ailleurs, à la bonne cause. Et d'ajouter : «Notre rôle est de soulager, autant que faire se peut, la détresse de nos semblables. Et en un mot, nous servons et acceptons tout le monde. Dans cette foule, il y a des chômeurs, des laissés pour compte, mais également des travailleurs, des SDF, des démunis? À propos de sources de financement, on signale avec amertume le peu de moyens dont dispose Dar El Ihsan. Cette dernière, même en puisant dans ses propres comptes qui rétrécissent comme peau de chagrin, n'arrive que difficilement à joindre les deux bouts. Il convient néanmoins de souligner, dit Mimoun, l'appréciable geste de madame le wali qui a consenti, cette année, un effort à l'égard de notre association. Tout en ajoutant que d'autres contributions ont suivi, notamment de l'APC, sans omettre celles des bienfaiteurs habituels». Ainsi, aujourd'hui, entre 130 et 140 repas sont quotidiennement servis dans une parfaite organisation.» Si on disposait d'un espace plus grand pour la cuisine on pourrait, commente Mimoun, préparer plus de plats, voire le double. Les gens de Dar El Ihssan espèrent tant transformer une courette en grande cuisine. Cela exigerait un engagement financier conséquent dont l'association ne dispose pas. Mais là aussi, tout le monde attend venir une promesse de la ministre de la Solidarité. Cette dernière, en visite à Aïn-Temouchent, en septembre dernier, avait promis d'aider à construire une cuisine pour le foyer. Même ammi Tayeb, un habitué des lieux, au bord des larmes, s'en souvient : «Elle (la ministre) l'avait dit par quatre fois, qu'on aura une grande cuisine pour nous». Avant de lâcher «On attend !».

Benkhal ne dit pas un mot de plus sinon qu'en plus Dar El Ihsan organise à longueur d'année des sorties de loisirs au profit des personnes du 3ème âge vers les bains thermaux de la région. L'association fournit aussi, occasionnellement, des effets vestimentaires aux enfants de familles nécessiteuses, sans parler de «maïdat ramadhan» qui, chaque année, connaît un succès avéré.