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La Direction de
l'environnement de la wilaya doit faire face à la prolifération des bergeries
sauvages dans les communes rurales de la wilaya. Quelque 340 bergeries ont
poussé comme des champignons à la périphérie de Bougtob, la plus sérieusement
menacée, de telle sorte que la ville se trouve actuellement piégée dans un fer
à cheval qui l'empêche de s'étendre, plus particulièrement vers le sud. Des
enclos qui défigurent le paysage d'une ville qui ne cesse de grandir dans tous
les sens pour contenir l'explosion de son tissu urbain. Ces bergeries de
plusieurs dizaines d'hectares parfois, érigées sans autorisation par des
maquignons venus de diverses régions du pays, se sont greffées au tissu urbain
tel un abcès incurable tout au début des années quatre-vingt. Face à ce hobby
préféré de l'élevage ovin, tous les maires qui se sont succédés et qui ont pris
l'initiative de résoudre le problème, se sont cassé les dents et ont dû baisser
les bras. Pour les centaines de gens voisins de ces bergeries, le calvaire ne
cesse de s'éterniser et ils devront prendre leur mal en patience et
s'accommoder des odeurs désagréables dégagées par des tonnes de fumier entassé
depuis des années. Ils sont contraints de plier l'échine face aux puissants
barons du mouton qui ne cessent de fouler aux pieds les arrêtés émanant de la
Direction de l'environnement qui devraient faire respecter l'hygiène et la
salubrité en milieu urbain. Les propriétaires de bergeries se sont passés le
mot et refusent d'obtempérer aux injonctions de l'administration de
l'environnement qui les invite à quitter les lieux et à s'installer dans
d'autres espaces situés bien au-delà des zones urbanisées. Ces enclos qui ont
totalement défiguré la ville, accueillent, après la fermeture du marché aux
bestiaux hebdomadaire, plus de 80.000 têtes de moutons et quelque 500 bovins.
Ces invendus attendront là des dizaines de semaines, patiemment, avant d'être
proposés à la vente une nouvelle fois. Cet état de fait ne va pas sans causer
de sérieux problèmes d'insalubrité publique pour la population. La commune se
trouve ainsi prise dans un étau insoutenable qui l'empêche de gagner quelques
espaces qui seront réservés au foncier urbain et alimenter ses maigres caisses.
Un véritable casse-tête pour les élus locaux communaux et qui ne cesse
d'empoisonner la vie des citoyens. Des bergeries aussi vastes qu'un terrain de
football, des centaines de gardiens irascibles, intraitables et irréductibles,
vivant sous des abris de fortune, entourés de leur smala, s'opposant fermement
à toute forme de dialogue et de concertation avec les autorités, tel est
l'inconcevable tableau qui s'offre au visiteur de cette partie sud de la ville.
Il s'agit de parcelles de terrain, propriété exclusive de l'Etat, qui sont
squattées par de puissants éleveurs et maquignons qui défient les pouvoirs
publics. De son côté, la Direction de l'environnement a proposé la création
d'une nouvelle zone, en dehors du tissu urbain, qui sera réservée exclusivement
aux bergeries ; une source d'emploi supplémentaire qui pourrait intéresser
d'éventuels pasteurs. Prise en étau au sud par ces bergeries et au nord par la
Sebkha, Bougtob se trouve entre l'enclume et le marteau. Le plan d'aménagement
urbain en cours d'étude risquerait de se résumer à un coup d'épée dans l'eau.