
Pour la wilaya de
Constantine et pour l'année 2013, d'après une étude effectuée récemment, 3.260
personnes, âgées de plus de 15 ans, sont atteintes de cancer, avec plus de
1.000 nouveaux cas enregistrés par rapport à 2012, selon les révélations faites
hier lors d'une conférence de presse organisée par l'association «WAFA» d'aide
aux malades du cancer et qui a été animée par son président, le professeur
Abdelhamid Aberkane. Ainsi les cancers les plus fréquents concernent pour les
femmes celui du sein qui représente 38% des cancers féminins, celui du colo
rectum et col utérin viennent loin après, avec respectivement près de 8% et 6%,
alors que pour les hommes, le poumon et les difficultés respiratoires sont à
hauteur de 13,4%, le colo rectum avec plus de 10% et la vessie avec 8,5%.
Toujours selon le conférencier, la méthodologie employée pour parvenir à cette
estimation de l'état des lieux de la maladie au niveau de la wilaya a consisté
à se baser sur le recensement général de l'ONS et le registre du cancer de la
wilaya de Sétif, la seule à l'Est du pays à en avoir, avec l'hypothèse que les
logiques de survenue du cancer sont relativement les mêmes que celles de
Constantine. En plus, il a été tenu compte des statistiques d'organisations internationales,
notamment celles de l'OMS. Le taux de personnes atteintes de cette maladie
ayant une durée de survie de 5 ans est extrêmement bas, par rapport à celui
observé en Europe par exemple. Il ne dépasse pas, ainsi, les 39% pour les
femmes et les 24% pour les hommes, contre près de 90% de guérison des cancers
du sein, de la prostate et colo rectum en France. Selon le professeur Aberkane,
ces résultats reflètent la défaillance du système de santé dans la wilaya et
dans le pays plus généralement, qui possède pourtant des capacités importantes
en matière de lits (3.000) tout autant qu'en encadrement (médecins
spécialistes), qui ne sont pas loin de ceux des pays européens, dira-t-il.
Défaillance, qu'il imputera à une gestion carencée et bureaucratique et parlera
de la nécessité de réforme des hôpitaux en évoquant le projet de création de
trois grands hôpitaux ou CHU à Alger, Oran et Constantine, datant de la période
de feu le président Boumediene, qui devaient apporter de l'oxygène au secteur
de la santé, mais la mauvaise gestion a fait rater au pays l'apport de
structures à impact énorme sur le plan de la prise en charge des malades du
cancer. Il proposera en contrepartie la décentralisation en donnant
l'initiative aux potentialités qui existent ainsi qu'aux citoyens, et ce pour
une meilleure maîtrise de la gestion et une prise en charge de qualité des
malades. Le conférencier présentera également les résultats d'un sondage fait
dans le milieu des étudiants de la ville des ponts, comme exemple de mesure de la
perception de l'élite future du pays, susceptible de prendre en charge
professionnellement les cas de cancer. Le résultat est une mêlée d'informations
carencées, de préjugés et de peurs du cancer. Ainsi, d'une part, 80% des
enquêtés déclarent ne pas être informés, 98% considèrent que le cancer peut
être dépisté.
D'autre part,
pour 72% le cancer n'est pas une maladie comme les autres, et qu'il est
incurable pour 55%, alors que près de 50% estiment qu'il ne faut pas en parler.
Pourtant, il s'agit d'une maladie chronique et difficile, certes, mais qui se
guérit ailleurs et cela grâce surtout à un système d'information et une
politique de santé performants.