Les présidents du
Conseil de la nation et de l'Assemblée populaire nationale (APN),
respectivement MM. Abdelkader Bensalah et Mohamed Larbi Ould Khelifa, ont
entamé hier une visite en Tunisie pour assister à la séance plénière organisée
par l'Assemblée constituante tunisienne (ANC) à l'occasion de l'adoption du
projet final de la nouvelle constitution tunisienne. La présence des présidents
des deux chambres du parlement à la séance plénière de l'Assemblée constituante
intervient à l'invitation du président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar. Les
députés tunisiens avaient adopté dimanche la deuxième constitution de la
Tunisie, au moment où le nouveau chef du gouvernement désigné, Mehdi Jomâa, a
annoncé la composition de son gouvernement technocrate, ce qui permet
l'organisation d'élections générales et le parachèvement du processus de
transition démocratique. Le projet de la nouvelle Constitution tunisienne a été
adopté à la majorité de 200 voix contre 12 objections et 4 abstentions. Les
dirigeants tunisiens ont paraphé hier la nouvelle constitution. Le chef de
l'Etat, Moncef Marzouki, le Premier ministre sortant, Ali Larayedh, et le
président de l'Assemblée nationale constituante(ANC), Mustapha Ben Jaâfar, ont
signé la Loi fondamentale sous les applaudissements des députés qui l'avaient
adoptée dans la nuit de dimanche à lundi après plus de deux ans de travaux
tendus. Après sa publication au Journal officiel, elle entrera en vigueur par
étapes, notamment dans l'attente de l'élection d'un parlement et d'un président
de la République. Le texte consacre un exécutif bicéphale et accorde une place
réduite à la religion.
Elle introduit
aussi un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues. Ce compromis
vise à éviter une dérive autoritaire en Tunisie qui a connu plus d'un demi
siècle de dictature, sous Habib Bourguiba puis sous Ben Ali, mais aussi à
rassurer ceux qui craignaient que les islamistes n'imposent leurs positions
dans un pays à forte tradition séculière. M. Marzouki a salué une «victoire
contre la dictature» tout en soulignant qu'il ne s'agissait que d'une étape
pour ancrer la démocratie.