
L'affaire des faux bacs à Oran revient sur le devant de la scène, avec le
procès prévu aujourd'hui devant le tribunal correctionnel d'Oran. Bien des
secrets seront, sans doute, levés lors de l'audience. L'affaire a fait un vrai
tapage médiatique. A raison, puisque c'est l'Université algérienne -avec un
grand U- qui se retrouve au cœur de ce scandale, vu l'incroyable nombre de faux
diplômes de bac -et même de licences dans certains cas- qui sont passés -comme
par hasard !- sous le nez de l'administration universitaire, aussi bien celle
centralisée (au niveau du rectorat) que celle pédagogique (à l'échelle des
facultés et des départements). Même la direction de l'Education nationale a
été, par ricochet, éclaboussée par ces faits. D'ailleurs, et sans vouloir
caricaturer, le chef de file présumé de la filière du réseau de trafic, chargé
du racolage des bons clients parmi les postulants potentiels à un diplôme
«prêt-à-porter» pour ouvrir le sésame du campus, n'est autre qu'un employé de
l'éducation, un agent qui, officiellement, travaillait comme «planton» dans un
lycée à Oran, mais qui, en réalité, passait le clair de son temps à l'Académie
dans le cadre de son activité louche. Il s'agit de l'un des accusés principaux
de cette affaire, selon l'accusation, un certain B. Boumediene, arrêté
dernièrement par Interpol en Espagne, au bout d'une année de cavale, en
exécution d'un mandat d'arrêt international, mais dont ignore si l'extradition
vers l'Algérie a été faite ou pas dans l'intervalle. Pas moins de 107 personnes
sont poursuivies dans cette affaire, entre étudiants (dans les facultés de
Droit, Sciences éco et Médecine, notamment), fonctionnaires de l'université et
«intermédiaires». Il faut noter, dans ce cadre, que le service dépendant du
vice-rectorat garde à son niveau le dossier, y compris les originaux de
l'attestation provisoire de réussite -qu'on appelle «le bac», tout court- et du
relevé de notes, et oriente le candidat vers l'institut ou le département qui
lui convient, en fonction d'un nombre de critères dont en premier lieu, la
moyenne générale et les notes obtenues au bac, dans les matières dites
«essentielles». Du bac et du bulletin de notes, le bachelier n'en gardera que
des photocopies légalisées. Un contrôle de l'authenticité du bac et du relevé
de notes se fait par le vice-rectorat, en collaboration avec l'OREC qui
centralise toutes les données relatives à la liste des lauréats du bac, du BEM
et de l'examen de sixième. A ce niveau-là, pas moyen donc de passer sous le nez
de l'administrateur un bac ou un bulletin falsifiés. Ensuite, le bachelier se
présente auprès de l'administration de l'institut, la faculté ou le département
vers lequel il a été orienté et, au moyen des photocopies du bac et du relevé
de notes, s'y inscrit. Autrement dit, la structure pédagogique d'accueil admet
et inscrit le bachelier sur dossier présenté par lui. Et c'est là où réside,
justement, la faille, accentuée par une communication trop lente, voire
carrément absente, entre la structure d'accueil et le service centralisé au
rectorat. Et c'est ce point de dysfonctionnement du mécanisme d'inscription qui
a été exploité par les mis en cause, selon des sources proches du dossier. Avec
ce dispositif, le rectorat, quant à lui, ne pourrait détecter le faux qu'en fin
de cursus de l'étudiant, à l'occasion de l'examen du parcours pédagogique.