Les règles et
procédures fixant la distribution du logement social ont été balayées à
l'occasion de l'affectation d'un quota de logements au profit des demandeurs de
la daïra de Constantine. Une première au niveau local et national. Les
responsables locaux ont trouvé la parade pour étouffer tout mouvement de
contestation, généralement au rendez-vous lors de pareille circonstance,
évitant en premier lieu d'afficher la liste des bénéficiaires, pourtant la
procédure en question est exigée par la loi, et faisant appel en second lieu
aux associations de quartiers pour remettre de main en main les décisions de
pré-affectations aux heureux bénéficiaires. Ces deux derniers jours, alors que
les concernés cherchaient désespérément le lieu de l'affichage de la liste des
bénéficiaires, on apprendra de bouche à oreille que les décisions de
pré-affectations ont été déjà ventilées par les associations de quartiers.
Certains bénéficiaires en possession de pré-affectations ont confirmé la
nouvelle. Du coup, c'est la panique quasi générale au sein de la population.
Pour le moment, on s'inquiète «si on est bénéficiaire ou pas», et les gens sont
en plein désarroi à ce sujet, ne sachant plus à quel saint se vouer pour
obtenir des informations à ce sujet. A l'OPGI, on nous indiquera que plusieurs
personnes ont afflué vers le siège de l'office à la cité Filali pour être
fixées sur la liste des bénéficiaires, mais là aussi, on leur répondra qu'ils
n'ont pas été destinataires de la fameuse liste. «Il y a même des personnes en
possession de décisions de pré-affectations qui sont venues pour régler les
charges des arrêtés d'attribution, mais on leur a répondu qu'il est impossible
d'entamer la procédure sans que la liste des bénéficiaires soit définitive et
sans que l'office soit destinataire d'une copie de cette liste pour entamer des
vérifications administratives et s'assurer que les bénéficiaires n'ont pas déjà
bénéficié d'un logement par le biais de différentes formules, sociale ou
aidée», nous dira un cadre de l'OPGI. Non sans ajouter qu'il s'agit là d'un
usage régulier en matière d'attribution de logements sociaux, «à moins qu'on
ait innové une nouvelle procédure là aussi», soupèsera-t-il ses mots. En tout
cas, la distribution de ce quota demeure entourée d'un flou total, personne ne
sait exactement de combien d'unités il est constitué, ni qui sont ses
bénéficiaires. «Allez voir avec votre association de quartier», renvoie-t-on
les citoyens qui viennent s'enquérir de leur situation auprès de la Société
d'architecture et d'urbanisme (SAU), un bureau d'études investi de la mission
de relogement des habitants des bidonvilles et qui voit ses prérogatives
s'étendre à la distribution du logement social. «C'est que les responsables des
associations de quartier sont tout bonnement introuvables par les temps qui
courent», se lamentent les concernés. En tout cas, tout le soin de la gestion
de ce dossier est laissé à la merci de la rumeur?