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La situation dans
la vallée du M'zab, qui connaît depuis le mois de décembre dernier des
violences intercommunautaires d'une rare intensité, reste toujours tendue.
Les efforts des uns et des autres pour calmer la situation ont été compromis jeudi par le décès d'un second mozabite, atteint à la tête par un projectile lors d'affrontements dans la ville de Ghardaïa. Hadj Saïd Khaled Ben Aissa, âgé de 35 ans, est mort après un profond coma dimanche dernier. Le décès de Hadj Saïd est le second enregistré en quelques jours après la mort d'un autre jeune homme de 39 ans tué à coups de couteau et enterré mercredi au cimetière de Baba Essaad. La capitale du M'zab a replongé depuis la mi-décembre dernier dans les violences intercommunautaires. Après quelques jours de calme relatif à l'issue d'une médiation du gouvernement sur instruction du président Bouteflika, et le déplacement de Abdelmalek Sellal sur place, les affrontements ont repris dimanche dernier, mettant à nu de graves carences dans la gestion de ce conflit qui risque d'embraser cette région du pays. Les affrontements entre les jeunes des deux communautés ont été suivis par des actes de vandalisme, de pillage, de destruction de commerces et violation de domiciles, notamment à Ghardaïa et Beni Izguen. Les écoles sont restées fermées, les commerces également, les administrations fonctionnent au ralenti, alors que plusieurs structures de service public (poste, ramassage des ordures, transport?) étaient à l'arrêt. Des témoins oculaires évoquent également la destruction d'une quarantaine d'habitations, de locaux commerciaux, de palmeraies, de véhicules particuliers et de destruction du mobilier urbain. En outre, des dizaines de personnes ont été blessées dont beaucoup sont actuellement dans un état critique, selon des informations en provenance de Ghardaïa. Le déploiement de quelque 3.000 policiers et gendarmes arrivés par voie aérienne dans la nuit de dimanche à lundi dans une ville pratiquement fermée où seuls les protagonistes s'affrontent, a ramené un calme relatif à Ghardaïa et ses villes satellites, même si la tension et la peur persistent encore. Le déploiement des forces anti-émeutes atteste en fait d'une situation préoccupante, moins d'une semaine après le déplacement de M. Sellal et sa tentative de réconciliation entre les deux communautés, visiblement marquée par un échec. Mercredi à Bordj Bou-Arréridj, il avait notamment déclaré, sur ces dramatiques événements, qu' «il n'y a pas lieu de penser qu'un problème oppose malékites et ibadites à Ghardaïa. Ne pensez pas qu'il y a, à Ghardaïa, un problème entre malékites et ibadites, il y a juste eu des petites altercations entre jeunes (?) même s'il existe une minorité qui veut nous faire tomber, en vain, dans le piège». Quelque jours auparavant, le ministre de l'Intérieur, qui ne s'est toujours pas rendu sur place, avait affirmé qu'aucune main étrangère «n'est derrière» les événements de Ghardaïa. Tyaeb Belaïz a ainsi affirmé «qu'il n'existe aucune preuve tangible pouvant confirmer (...) l'implication de mains étrangères dans cette région, mais il y a des mains non étrangères à l'intérieur du pays qui, peut être, cherchent à pousser vers le pourrissement de la situation». Et, pour signifier que le gouvernement semble vraiment dépassé par ce qui se passe dans cette ville millénaire, il ajoute : «Toute démarche de bienfaisance dans cette région est la bienvenue». |
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