Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

GENEVE 2, QUE LA PAIX SEMBLE LOIN

par Moncef Wafi

Genève 2 s'ouvre aujourd'hui sur plus d'incertitudes que de promesses d'une paix impossible à entrevoir tant les divergences entre protagonistes sont légion. Elle s'ouvre sans la présence de l'Iran qui s'est vu retirer son carton d'invitation sur pression de Washington, mais avec la participation d'une quarantaine de pays, dont les grandes puissances et les autres pays de la région dont l'Arabie Saoudite et la Turquie.

Le conflit syrien s'invite donc au pays de la neutralité alors que toutes les parties présentes autour de la table sont mues par des intérêts diamétralement opposés qui rendent tout consensus difficilement concevable. En effet, chaque camp se retranche derrière ses acquis «armés» et s'arcboute sur des positions arrêtées que d'aucuns qualifieront de ligne de front tant la violence armée a déchiré tout un pays pour le plus grand bonheur de l'Arabie Saoudite et d'Israël. L'absence tant demandée de Téhéran peut à priori pencher du côté de l'opposition qui n'a jamais caché son refus de voir le premier allié de Bachar El-Assad siéger à la table des négociations, mais ce qu'il faut retenir c'est qu'elle «sauve» Genève 2, menacée de boycott par l'opposition syrienne. Moscou qualifie pour sa part cette non-participation d'«erreur», estimant que seule la présence de toutes les parties impliquées dans le conflit permettrait à la conférence d'aboutir. Téhéran, quant à elle, juge hypothétiques les chances de mettre fin à la guerre civile en Syrie sans sa participation.

Genève 2 a mis en relief toutes les divergences qui laminent le corps de l'opposition perdue entre les factions djihadistes dans la pure lignée d'Al-Qaïda. Elle a aussi mis à nu la faiblesse de la Coalition nationale syrienne décriée par les combattants en Syrie et qui semble avoir perdu de son autorité, si l'on croit le Conseil national syrien (CNS) d'opposition. En effet, la Coalition est soupçonnée d'être tombée sous l'influence de pays étrangers, notamment des USA et de l'Arabie Saoudite, et de jouer le jeu des puissances étrangères en premier. Alors que le menu de Genève 2 est connu et ne prend pas en considération un quelconque changement de régime en Syrie, mais vise plutôt à lancer un dialogue direct entre les parties en conflit, et que l'opposition syrienne, en dehors de la Coalition, ne semble pas donner à la conférence une tout autre priorité, on voit mal la conférence aboutir à un résultat probant pouvant contenter tout le monde.

L'INTERNATIONALISATION DU CONFLIT SYRIEN N'A EU DE RESULTAT QUE DE COMPLIQUER DAVANTAGE LA SITUATION, EMPECHANT TOUTE SOLUTION QUE CELLE DES ARMES. EN EFFET, IL EST INCONCEVABLE QUE TOUS LES PAYS QUI ONT PRIS FAIT ET CAUSE POUR UNE DES PARTIES EN PRESENCE SE SATISFASSENT D'UNE DEMI-VICTOIRE. WASHINGTON, PEKIN, MOSCOU, RYADH, TEHERAN, ANKARA, DOHA, PARIS, TEL-AVIV, AUTANT DE CAPITALES QUI PESENT DU POIDS DE LEURS ARMEES, ECONOMIES ET SUBVERSIONS POUR ENTRETENIR UNE GUERRE QUI NE RISQUE PAS DE S'ARRETER AU SORTIR DE LA TABLE DE GENEVE 2. ET SI CHAQUE INTERFERENCE A SES INTERETS PERSONNELS OU PAR PROCURATION DANS LA REGION, LE PLUS GRAND PERDANT DANS L'HISTOIRE RESTE LE PEUPLE SYRIEN, DEVENU AU FIL DU TEMPS UNE STATISTIQUE BONNE POUR LA PRESSION INTERNATIONALE.