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Quatre jours durant le temps que le chef de l'Etat a passé
à l'hôpital militaire français du Val-de-Grâce pour, selon la version
officielle, y subir des examens de « routine », les Algériens ont été bombardés
de rumeurs alarmistes le donnant pour avoir été victime d'une détérioration de
son état de santé, certaines allant jusqu'à faire état de son décès. Ces
rumeurs ont suscité chez ceux qui y ont cru l'échafaudage de castings supposés
allant être mis en œuvre par le pouvoir confronté sinon à la disparition de
Bouteflika du moins à son impossibilité, devenue réalité à leurs yeux, de
briguer un quatrième mandat. Jeudi après-midi, l'annonce que Bouteflika est
rentré au pays ayant subi des examens et contrôles qui « ont montré une nette
amélioration » de son état de santé a incontestablement décrispé l'atmosphère
d'inquiétude qui a été palpable dans le pays durant le temps de son absence.
Si les Algériens ont été alarmés par le transfert du président au Val-de-Grâce et ont prêté une oreille crédule aux rumeurs ayant dramatisé la raison qui en fut la cause, c'est parce qu'ils ont eu peu de foi dans le communiqué officiel leur ayant annoncé la nouvelle. Pourtant cette fois-ci les autorités se sont adonnées à un exercice de transparence par lequel elles ont espéré faire barrage aux rumeurs et supputations qui n'allaient pas manquer de se diffuser. Depuis le début de la maladie du chef de l'Etat, la communication officielle autour de celle-ci et de l'état de santé qui est le sien a été si calamiteuse qu'elle a provoqué l'effet contraire de celui voulu par ceux qui en sont à charge : à savoir convaincre les Algériens que leur président a certes été victime d'un accident de santé, mais aux incidences ne remettant pas en cause sa capacité physique et intellectuelle à continuer à présider aux destinées du pays et même à postuler pour un quatrième mandat. Le soulagement quasi unanime qui s'est exprimé à l'annonce du retour au pays de Bouteflika dans les délais ayant été fixés dans le communiqué officiel, ne met pas fin pour autant aux interrogations que se font les Algériens sur son état de santé et sur les intentions qui sont les siennes pour la prochaine élection présidentielle. Ils sont unanimes à considérer que quels que soient la considération ou le calcul politique qui sont derrière le silence observé par Bouteflika, sa prolongation a mis le pays dans la situation extravagante où tout est suspendu à ce qu'il dira sur le sujet quand il le jugera opportun. L'heure pour lui de clarifier ses intentions est venue. En différer plus longtemps l'échéance uniquement pour entretenir la confusion et l'indécision au sein de ses détracteurs et éventuellement parmi ses compétiteurs potentiels, c'est contribuer à conforter le doute déjà bien installé que l'élection présidentielle est l'enjeu de manœuvres qui sont en train de fermer le jeu pour l'échéance. Qu'il ait décidé de «rempiler» ou de renoncer, Bouteflika ne peut continuer à entretenir le suspense sinon à vouloir délibérément montrer que seuls ses calculs personnels comptent. Bouteflika est rentré au pays, il doit donc dire aux Algériens les «yeux dans les yeux» ce qu'il compte faire. |
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