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Clivages

par Moncef Wafi

Halilhodzic sera-t-il limogé avant la Coupe du monde ? C'est l'interrogation de l'heure et on la doit au président de la Fédération algérienne de football qui s'est vexé de la réponse de son entraîneur concernant son avenir à la tête de l'équipe nationale. Un feuilleton commencé au lendemain de la qualification des Verts à Blida pour le Brésil et alimenté par une guerre de communication livrée par les deux hommes via une presse nationale acquise à Raouraoua. Ce bras de fer relègue étonnamment l'actualité du pays au second plan et il n'est plus question ni de Ghardaïa, encore moins des dernières augmentations, sans parler de la présidentielle d'avril.

C'est dire l'inconsistance des priorités chez l'Algérien de masse, l'anonyme qui se débat dans les inextricables problèmes créés pour lui éviter des questions comme la démocratie et la liberté d'expression, sujets à migraines et à mandats d'arrêt. Mais que reproche-t-on donc au juste au Bosnien pour vouloir sa tête à quelque six mois du Mondial brésilien ? Halilhodzic, accueilli en messie pour empêcher le onze national de sombrer dans la déprime post-Mondial 2010, a réussi en un laps de temps raisonnable à redonner une âme de vainqueur à une équipe moribonde qui jouait jusque-là plus pour ne pas perdre que pour gagner. Malgré une Coupe d'Afrique décevante, même s'il avait tempéré les ardeurs les plus optimistes qui voyaient déjà l'Algérie soulever le trophée continental, l'entraîneur a honoré son contrat de performance où il était stipulé de qualifier l'équipe pour le prochain Mondial.

Contrat donc rempli et alors que tout le monde pensait que les choses étaient réglées, Raouraoua sort de son silence et exige du Bosnien une réponse quant au renouvellement de son contrat avec la FAF. Fidèle à sa réputation, Halilhodzic refuse qu'on lui impose ses choix et préfère réserver sa réponse pour l'après-Mondial, défiant ainsi l'autorité de son président. Un président qui pronostique une qualification pour le deuxième tour dans une poule relevée, très relevée où les chances des Verts sont très minimes pour ne pas dire inexistantes. Sur ce sujet également, les avis divergent entre les deux hommes puisque le coach national en professionnel avisé a prévenu que la tâche sera ardue et que la qualification reste du domaine de l'hypothétique. Des propos qui renseignent sur le clivage entre les deux positions, une démarche professionnelle et un discours réaliste contre une attitude démagogique, populiste qui laisse encore une fois l'Algérien baigner dans une mare d'illusions. Crime de lèse-majesté suprême puisque des entraîneurs se sont fait débarquer de la barre technique de l'EN pour moins que cela.

Qu'à cela ne tienne, la guerre est déclarée pour Raouraoua qui décide, tout bonnement, que les jours du technicien bosnien sont comptés. Pour parade et pour rassurer le peuple du football, il sort des CV de grands entraîneurs qui n'attendent que d'accompagner les Fennecs sur les plages de Copacabana. Mais voilà, la réalité est tout autre puisque les coachs de renom ne chôment pas à moins qu'on nous sorte un parfait inconnu au bataillon de derrière les fagots comme cela a été le cas avec Cavalli et des seconds couteaux belges. Ce dossier illustre toute l'injustice qui frappe les compétences nationales ou étrangères au service du pays.