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Quand la coalition de partis et de personnalités de
l'opposition a fait connaître ses revendications de mise en place d'une
commission électorale indépendante de l'administration pour superviser et
contrôler le processus électoral de la présidentielle et de report de la
révision constitutionnelle à l'après élection présidentielle, le ministre de
l'Intérieur s'était exprimé sur la première pour l'estimer «injustifiée» et
donc rejetée par le gouvernement. En revanche, le mutisme officiel observé par
Bouteflika et les autorités sur la seconde et la conviction que le premier cité
aurait renoncé au calendrier initial qu'il a fixé à son projet ont fait
accréditer la thèse du report. Ce dont apparemment Amar Saadani serait dans
l'ignorance et qu'il aurait alors commis une énième «bourde» vendredi à
Bel-Abbès où il a animé un meeting du FLN en considérant l'amendement de la
Constitution comme une «urgence politique» qui doit intervenir avant la
présidentielle.
D'aucuns le pensent car ils ont réduit le personnage au statut de gaffeur impénitent aux sorties imprévisibles et déconcertantes même pour ceux qui l'ont intronisé à la tête du FLN. Saadani échapperait-il au contrôle de ces derniers au point d'exprimer une position pour le compte du FLN en contradiction avec l'intention de Bouteflika qui est comme cela se sait le véritable «patron» du parti. Il ne faut pas être naïf, ses propos sur la révision de la Constitution sont le message que le report de la révision constitutionnelle n'est pas à l'ordre du jour. Ils sont ceux d'un homme qui sait ce qui va se passer concernant cette révision dont il a déclaré sans ambages que le FLN en tant que parti majoritaire va en bénéficier. Comme le craignent les partis et personnalités de l'opposition qui ont plaidé pour son report, la révision constitutionnelle projetée par Bouteflika risque de s'opérer en dehors de la volonté populaire et dans le giron d'un parlement où le FLN et autres formations satellites du pouvoir disposent de la majorité requise pour l'entériner sans débat de fond sur ses amendements. Tout comme il a opté pour tenir l'élection présidentielle au terme échu du mandat de Bouteflika, le pouvoir s'en tiendra au calendrier initial d'avant l'échéance de la présidentielle pour soumettre son projet de révision constitutionnelle au parlement. C'est sa façon de démontrer qu'il maîtrise pleinement la situation et les événements dans le pays et que tout ce que disent ou font ses adversaires politiques ne sont qu'agitation sans conséquence. C'est aussi sa tactique pour désorienter et déstabiliser encore plus ces derniers qui consiste à les laisser le plus longtemps possible dans le flou sur ce qu'il s'apprête à faire pour les deux échéances politiques. Tactique efficace au vu de la léthargie dans laquelle les opposants sont plongés à une centaine de jours de l'élection présidentielle et d'une révision constitutionnelle qui va s'opérer d'un moment à l'autre comme le donne à penser la «sortie» soufflée à Amar Saadani et la présentation de son projet au conseil gouvernemental. Pour ceux qui promettent que les deux échéances inscrites au calendrier politique à court terme vont «clarifier» et apaiser le climat politique algérien, la déconvenue risque de s'avérer aussi amère que brutale. |
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