La gestion «scandaleuse» de la structure sociale des cheminots provoque
un tollé général aussi bien au sein du Comité de participation (CP), dont la
date de fin de mandat fait polémique, que du côté de la direction générale de
la SNTF qui constate avec « effroi » les dégâts commis dans la trésorerie des
salariés.
« Des prêts et secours octroyés à profusion sur la base d'accointances,
sans en référer à aucune hiérarchie, et dont les montants, qui n'ont jamais
fait l'objet de retenues à la source, ne pourraient être récupérés durant toute
la carrière des agents concernés. De la viande en grande quantité et même des
moutons sont achetés sur le compte des centres de vacances et détournés vers
une autre destination, des dépenses atteignant près de 4 milliards débloqués
pour la réhabilitation du centre de vacances de Tikdjda alors qu'il se trouve
affecté sous une autre tutelle, ainsi que d'autres dépassements qui demeurent
encore camouflés par une gestion opaque, chaotique?et autres recrutements de
travailleurs retraités sous contrat, faisant fi des instructions du Premier
ministre à ce sujet ». La liste est longue concernant les dépassements énumérés
par le président sortant du CP, M. Fayçal Benzitouni. Ce dernier tient à
préciser en exhibant des documents et des correspondances étayant ses dires que
la dénonciation de ces graves entorses dans la gestion de l'argent des
travailleurs a été transmise à la hiérarchie depuis plusieurs mois, hélas, sans
trouver aucun écho positif. « Nous avons fait part des préoccupations du CP à
la direction générale de l'entreprise et, dans ce contexte, nous avons exigé un
audit externe pour faire toute la lumière sur les dépassements commis dans la
gestion de la structure sociale, mais personne n'a cru bon de nous écouter.
Aujourd'hui encore je revendique un audit de l'IGF et je demande au ministre
des Transports d'intervenir pour mettre un terme à la saignée dans les comptes
financiers destinés exclusivement aux besoins sociaux des salariés », lance M.
F. Benzitouni sur un ton indigné. Celui-ci ne manquera pas de souligner qu'il a
été mis fin au mandat du CP depuis le mois d'octobre dernier, alors que le
terme de son mandat court jusqu'au mois de mars prochain. « Cette fin de mandat
a été décidée d'une manière brusque et hâtive uniquement dans le dessein
d'éloigner un CP qui n'a jamais cessé de déranger les mauvaises consciences et
qui n'a ménagé aucune partie au dépens de l'intérêt de l'entreprise et des
travailleurs », estime-t-il. Ajoutant dans ce sillage qu'il aurait pu, lui et
d'autres membres du CP, se goinfrer de beaucoup d'avantages et avoir la
bénédiction des responsables s'il a fermé l'œil sur « la gestion scabreuse »
qui sévit dans la structure sociale de l'entreprise. Contacté par nos soins, le
directeur général de la SNTF, M. Yacine Bendjaballah, reconnaît implicitement
l'existence de graves anomalies dans la gestion de la structure sociale. « J'ai
la peur au ventre rien que d'y penser », laisse-t-il échapper. Ajoutant à ce
propos, « c'est grave tout ce que j'ai pu constater, et je ne peux pas me taire
sur ces dépassements, par acquit de conscience et de par mon devoir
professionnel », souligne-t-il. Installé à la tête de la direction générale au
mois de septembre dernier, M. Yacine Bendjaballah (ex. DRF à l'ouest du pays),
n'a pas manqué d'initier immédiatement un audit interne de la structure sociale
pour évaluer la situation, et les résultats ont été vraisemblablement «
choquants ». Car, le DG de la SNTF a décidé dans ce sillage « d'appeler à un
audit externe global pour tirer au clair les dépassements et noter les
insuffisances dans la gestion de ce département sensible pour démarrer sur de
bonnes bases en 2014 », nous a-t-il indiqué. Non sans préciser que pour
l'instant, la gestion de la structure sociale est placée temporairement sous la
responsabilité de l'administration de l'entreprise, en attendant l'installation
du nouveau CP. Et au sujet de la polémique sur la date de fin de mandat du CP,
notre interlocuteur note qu' «effectivement, il y avait deux dates, octobre
2013 et mars 2014, qui pouvaient prêter à équivoque, mais lorsqu'on a soumis la
question aux autorités compétentes, l'inspection du travail en l'occurrence, on
nous a saisis officiellement que la fin du mandat arrive à terme au mois
d'octobre », précise-t-il tout en relevant que des assemblées électives seront
incessamment organisées pour permettre aux travailleurs de désigner leurs
représentants au CP. Quant à la question des retraités contractuels, M. Yacine
Bendjaballah assure qu'il s'attelle actuellement à « l'assainissement de ce
dossier et qu'il sera mis fin aux contrats des concernés à la fin décembre en
cours » non sans concéder que « la SNTF souffre des départs massifs en retraite
qui laissent parfois un vide très difficile à combler dans l'immédiat dans
certains postes ».