Les députés dans leur majorité revendiquent plus de « dignité »,
notamment à travers la révision du point indiciaire de leurs salaires, une amélioration
des indemnités et l'octroi d'un passeport diplomatique. Ces revendications
circulaient depuis un certain temps dans les couloirs de l'hémicycle du
boulevard Zighoud-Youcef mais, n'ayant pas trouvé écho positif, les députés ont
augmenté la pression en lançant une pétition portant sur les demandes en
question, une pétition approuvée par plus de 300 signataires, affirme-t-on. Les
parlementaires du FLN et du RND que nous avons pu joindre hier au téléphone
confirment cette tendance en étayant leur démarche par de nombreux arguments.
Le passeport diplomatique est une exigence qui s'inscrit en droite ligne du «
statut de député », soutient-on. Lequel député (sans passeport rouge) est
malmené, voire humilié, avec le citoyen lambda dans les aéroports étrangers.
Bien sûr, les députés dénoncent avec fermeté ce traitement avilissant subi par
nos compatriotes dans les frontières, mais il faut commencer, peut être, par
donner de l'importance aux élus du peuple pour commencer à se faire respecter
chez les étrangers. Et en matière de salaire et d'indemnités, les signataires
de la longue pétition estiment qu'ils sont très loin situés par rapport aux
députés des pays voisins. Les parlementaires exigent une hausse consistante de
salaire. Depuis l'augmentation de 2008, pour rappel accordée quelques semaines
avant l'adoption de la Constitution, laissant croire qu'on est à la veille
d'une autre révision du genre, le salaire de base d'un député s'élève à 294 595
DA par mois (un net de près 26 millions de centimes), soit 15 505 points
indiciaires à raison de 19 DA par point. « Tous les cadres supérieurs de l'Etat
ont bénéficié d'augmentations depuis 2008 et l'on ne devrait pas exclure les
députés de cette revalorisation salariale », insistent les concernés. Ils
exigent aujourd'hui que le point soit porté à 24 DA afin d'obtenir un salaire
de base de 372 120 DA, nous a précisé un député du FLN. En plus d'une série de
primes (indemnité complémentaire, primes d'utilisation de téléphone,
remboursement des frais de location, frais de secrétariat parlementaire et
frais de restauration), qui permettraient de porter le salaire à plus de 40
millions de centimes. « Comment voulez-vous qu'on vive avec 63 000 dinars de
prime mensuelle d'hébergement, alors que le prix affiché par l'hôtel Aurassi
par exemple atteint les 3 millions/jour ? », s'interroge-t-on. « Si l'état
prend en charge nos frais d'hébergement à ce prix pour une douzaine de jours
par mois, nous accorde un bureau avec des secrétaires, un véhicule de service,
ainsi que d'autres exigences dont la note est réglée par nos soins, on
s'arrêtera de revendiquer une augmentation de indemnités », relèvent des
députés du parti majoritaire qui est à l'origine de cette initiative
(pétition). Quoique l'on précise que tous les députés, toutes tendances
politiques confondues, adhèrent au principe des revendications soumises au
président de l'APN et au président de la République. « La pétition fait
consensus au sein de l'APN, ce ne sont pas uniquement des exigences d'un parti
en particulier », soutiennent des parlementaires du FLN. Ces derniers n'ont pas
manqué de souligner qu'ils sont indignés par la campagne de médiatisation des
revendications des députés, « pourquoi on ne le fait pas avec les ambassadeurs,
qui touchent eux au strict minimum 13 000 euros, ou encore les ministres et
autres PDG et cadres supérieurs de l'Etat ? » En tout cas, rappellent les
parlementaires, « nous revendiquons le droit du député pour ce mandat et pour
les prochains. Mais, pour ce qui est de l'adhésion de l'ensemble des députés à
la pétition en question, comme le soutiennent ses initiateurs, on relève la
position contradictoire du FFS, ainsi que celle supposée d'autres partis de
l'opposition que nous n'avons pas pu joindre hier et qui constituent une
minorité au sein de l'APN, les 162 députés qui manquent sur le listing de la
pétition, en quelque sorte. Le FFS, par la voix de son chef du groupe
parlementaire, M. C. Bouaïche, a désavoué, hier, la démarche en question et nié
toute participation de députés de son parti à cette pétition. « L'assemblée est
diabolisée aux yeux de l'opinion et il n'en faut pas plus pour ternir davantage
l'image du député. Et puis, sérieusement, il y a d'autres problèmes à aborder,
plus importants que le passeport diplomatique ou autres indemnités, comme par
exemple la commission d'enquête que nous avons demandé pour faire la lumière
sur les tristes évènements de Ghardaïa et qui reste sans suite jusqu'à
aujourd'hui », estime notre interlocuteur. Ajoutant dans ce sillage que « le
député serait plus avisé de demander plus de prérogatives au lieu de
s'intéresser à des questions d'ordre matériel, plus grave encore à travers une
pétition ! ».