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En onze ans
d'activités officielles, l'ARPT s'est adressée par deux fois aux usagers : les
5 et 12 décembre 2013. Cela bouge donc mais jusqu'où ? Ici, un aperçu de ce que
peuvent attendre les usagers d'un régulateur. Du pain sur la planche et dix ans
de retard, au moins, à rattraper.
De rappels à l'ordre aux opérateurs aux "communiqués aux usagers", l'activité de l'Agence de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) enregistre une forte intensité depuis le lancement, en août dernier, de l'avis d'appel à la concurrence pour l'établissement et l'exploitation de réseaux publics de télécommunications mobiles de troisième génération (3G+). Mais il reste beaucoup à faire, et un immense retard à rattraper. Le lancement d'une nouvelle activité peut aider l'ARPT revoir ses méthodes de travail, notamment en ce qui concerne les contrôles des "vices cachés" de l'activité 3G des opérateurs. L'ARPT est appelée à donner une plus grande visibilité du marché des télécommunications, de l'Internet, et du haut débit. Dans son second communiqué aux usagers, l'ARPT avoue avoir reçu des statistiques « incohérentes » concernant les données de la téléphonie GSM (2G). Parmi ces incohérences, l'ARPT fait état de la « réunion d'un nombre anormalement important de numéros différents pour une seule et même personne ou même l'absence totale d'identification ». Mais jusqu'ici, l'ARPT n'a travaillé qu'à « arbitrer » les rares litiges entre les trois opérateurs. Jamais elle n'a pris une décision ou enclenché une démarche visant à protéger ou corriger des pratiques en défaveur des usagers. Pour les semaines à venir, le régulateur focalisera probablement son action sur le respect du cahier des charges de la 3G par les opérateurs. Il sera encore question de la double numérotation (appelée à disparaître d'ici octobre 2014, comme le promet l'ARPT) pour introduire la 3G dans une carte SIM d'un usager déjà identifié ; il sera question aussi de la signature d'un nouveau contrat pour ce service. Toute la problématique de la 3G risque d'être focalisée sur ces deux points alors que le véritable intérêt de l'usager est ailleurs, là où le régulateur n'a pas encore osé regarder. Parmi les points importants qui intéressent les abonnés, c'est la portabilité du numéro. Une situation qui aurait pu éviter ce litige entre opérateurs. La donne va certainement être modifiée lorsque l'usager pourra choisir l'offre qui lui convient en emportant avec lui son numéro, car la portabilité donne à l'abonné cette liberté de changer d'opérateur sans devoir reconstruire ses contacts. Besoin de lisibilité La 3G ce n'est pas seulement une affaire de respect des aspects apparents du cahier des charges. C'est surtout un contrôle continu de la correspondance des offres avec la réalité, c'est à dire que le paquet de méga-octets adossé à chaque type d'abonnement est réellement respecté par l'opérateur. La 3G c'est aussi le contrôle de la couverture, indoor et outdoor, sur les routes (l'autoroute Est-Ouest, n'étant pas concernée par la couverture 3G), en agglomération et en zones rurales. La qualité du débit dans chacun des cas, et la continuité du service en cas de passage dans une zone non couverte par la 3G. Ce sont aussi ces aspects que l'ARPT doit contrôler après avoir donné une période de mise en place suffisante aux opérateurs. Le régulateur doit informer suffisamment les usagers pour qu'ils puissent contrôler leur consommation, et lui indiquer où s'adresser pour déposer d'éventuelles réclamations. L'ARPT a aussi un grand rôle à jouer pour permettre une lecture précise du marché de la 3G, à travers des études ciblées sur la consommation des mobinautes algériens, sur le type de terminaux utilisés dans les connexions à haut débit mobiles (smartphones, tablettes ou clés USB), sur le nombre d'heures passés quotidiennement en connexion, sur la répartition des individus équipés en plusieurs cartes SIM, et sur la facture moyenne par abonné et par mois. Car l'Internet est le talon d'Achille de l'ARPT. Le régulateur algérien n'a jamais livré d'information sur cet aspect très important de l'usage des TIC. Que ce soit pour contrôler l'offre ADSL d'Algérie Télécom, ou celle de l'Internet mobile 2G, l'ARPT a toujours adopté un silence étonnant. Il a fallu attendre le lancement de la 3G pour entendre les opérateurs livrer quelques chiffres sur leurs parcs d'abonnés à leurs offres Internet 2G respectives. L'ARPT ne s'est pas intéressé aux offres, ni sur la compatibilité des conditions émises dans les contrats avec celles pratiquées, en particulier sur la notion d'engagement de l'utilisateur. Tous ces manquements du régulateur à son rôle pèsent non seulement sur l'usager. Celui-ci n'a aucune forme de recours, ni accès à d'autres informations que celles que veulent bien lui donner les opérateurs. Sans compter, le manque de visibilité des TIC dans les données internationales. A titre d'exemple, les 4,5 millions d'abonnés Internet 2G (dont 3 millions annoncés par Nejma Ooredoo et 1,5 million par Mobilis) n'apparaissaient jamais dans les bases de données internationales concernant le taux de pénétration de l'Internet en Algérie. En collectant ces données, l'ARPT aiderait à comprendre et analyser les usages et les comportements vis-à-vis des technologies de l'information. Elle favoriserait ainsi une connaissance précise de l'état de la société de l'information dans le pays. |
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