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Situation préélectorale surréaliste

par Kharroubi Habib

Bouteflika et Benflis en qui l'on voit les protagonistes principaux de la joute électorale à laquelle donnera lieu la cruciale échéance présidentielle participent au fait que la situation préélectorale à quatre mois à peine de ce rendez-vous revêt pour le moins un caractère franchement surréaliste.

En ce sens que n'ayant pas encore annoncé officiellement leur intention, ce sont pourtant leurs partisans respectifs qui sont descendus les premiers dans l'arène alors que ceux de candidats s'étant eux publiquement déclarés sont aux abonnés absents. Il en résulte que si une fièvre électorale agite la scène nationale, elle est due à l'activisme des soutiens de candidats virtuels susceptibles, ce qui n'est nullement à exclure, de leur faire faux bond le moment venu pour eux de rompre l'étrange silence qu'ils observent.

Ce que le citoyen lambda constate interloqué dans cette situation est que le semblant d'agitation électorale à laquelle il est convié de s'intéresser est l'œuvre de démarcheurs en faveur de candidats dont ils ne peuvent absolument pas certifier qu'ils seront véritablement partants. Si l'on s'en tient à l'hypothèse que Bouteflika et Benflis seront effectivement en lice dans la compétition présidentielle, il y a lieu alors de penser qu'ils ne font durer le suspense sur leur intention respective que par tactique électorale. Laquelle consiste a avoir donné le feu vert à leurs partisans d'engager la promotion de leurs candidatures avant leur officialisation pour pouvoir juger de l'impact qu'elles produisent au sein de l'opinion publique.

L'absence sur le terrain et du champ médiatique des candidats officiellement déclarés, l'insignifiance des intentions de rouler en leur faveur, renforce l'impression que la joute électorale n'opposera en définitive que les deux candidats encore virtuels mais donnés comme déterminés à en découdre. Ce n'est donc pas banal que les citoyens et l'électorat se voient sommés de s'intéresser à une joute électorale dont ils ignorent encore si ceux au nom desquels elle s'est engagée seront finalement présents pour en récolter le résultat.

C'est encore une « exception » algérienne qu'à quatre mois d'une échéance électorale aussi lourde de conséquences pour la nation, les candidats potentiels censés y jouer les rôles décisifs y vont à reculons alors qu'ils ont à l'évidence mis en branle leurs machines électorales. Est-ce à dire donc que l'un comme l'autre, Bouteflika et Benflis cultivent encore le doute que ces machines électorales sur lesquelles s'appuient leurs candidatures ne sont pas aussi efficientes que les font apparaître les ambiances électorales qu'elles provoquent après avoir été mises en marche ? L'autre exception « algérienne » qui fera elle aussi date si Bouteflika opte pour se représenter sera qu'un candidat à la présidentielle s'abstiendra de faire campagne personnellement laissant l'animation de celle-ci aux partis, organisations sociales et autres comités de soutien ralliés à sa candidature. Qui a dit que les politiques algériens sont réfractaires à l'innovation ?