Une autre démonstration de force, spectaculaire celle-là, a été engagée,
hier, par le syndicat libre et indépendant de la sidérurgie, afin d'arracher
son titre d'agrément et s'imposer comme interlocuteur incontournable ou
partenaire social, sans rival. La pression est montée d'un cran avec
l'exécution de la décision relative à l'organisation d'une marche sur la
wilaya, annoncée avant-hier, par les représentants des travailleurs, et mise en
action, ce dimanche 22 décembre, aux environs de 11h. Chose qui laisse croire,
donc, que les négociations, diligentées par plusieurs parties, jusque tard dans
l'après-midi, afin de parvenir à un accord qui contribuerait à l'annulation de
cette marche, ont tout simplement échoué. Une masse de travailleurs
impressionnante, près de 4.000 salariés, du complexe sidérurgique Arcelor
Mittal, selon les organisateurs de la marche, a investi la rue, hier, dans la
matinée et a pris la direction du siège de la wilaya. Encadrés par un
dispositif sécuritaire déployé, tout au long, des 11 km que constitue le
parcours de la marche vers le siège de la wilaya, où la circulation automobile
a été interdite, les travailleurs ont effectué une partie du trajet, près de 4
km, dans le calme d'une organisation impeccable. Cependant, à mi-chemin du
complexe sidérurgique et de la wilaya, les marcheurs ont été stoppés net par un
cordon sécuritaire qui leur barrait la route. Un colonel de la Gendarmerie
nationale prendra langue avec les représentants des travailleurs, nous a
indiqué l'un d'eux M. Ammouri, en l'occurrence, et il réussira, finalement, à
les convaincre de rebrousser chemin vers le complexe sidérurgique. « On s'est
mis d'accord pour annuler la marche vers la wilaya, en contrepartie d'une prise
en charge sérieuse de nos doléances, et promesse nous a été donnée qu'une
solution sera dégagée, avant le mardi prochain », nous a confié M. Ammouri.
Les représentants des
travailleurs insistent sur la satisfaction de leurs revendications, avant cette
date, à contrario, menacent-ils, la marche sera remise au goût du jour et plus
personne ne pourra contenir la colère des travailleurs. Dans ce contexte, on
nous indiquera que le mot d'ordre de grève illimitée est maintenu. Vers le
complexe sidérurgique, les travailleurs se sont massivement rassemblés devant
le portail, en présence du chef de daïra et de plusieurs responsables des
services de sécurité. Pour rappel, une élection organisée au mois d'octobre
dernier, en présence de deux huissiers de justice a permis d'installer de
nouveaux représentants syndicaux qui ont, immédiatement, fait part de la
création d'un nouveau syndicat libre et indépendant. Et c'est dans ce sillage
que les employés du complexe sidérurgique ont demandé, à travers une
correspondance à la direction générale, d'engager une série de rencontres avec
leurs représentants syndicaux, à leur tête Daoud Kechichi, à l'effet de
résoudre tous les problèmes du complexe en suspens, « sans aucune ingérence de
parties extérieures à l'entreprise ou tout autre chapelle syndicale ». De son
côté, le ministre du Développement industriel, M. Amara Benyounès, a récemment
appelé, à plus de calme au sein du complexe d'Arcelor Mittal d'El Hadjar. «Il est
inconcevable, voire impossible de concrétiser le plan de relance du complexe,
dans un climat tendu, et il est, tout autant, impossible d'atteindre les
résultats escomptés, en l'absence d'une stabilité sociale», avait souligné le
ministre, lors d'une intervention publique, devant les députés. Non sans
ajouter, dans ce sens, qu'il est « inconcevable de débloquer un milliard de
dollars pour la relance du projet et le laisser à la merci de l'anarchie ! ».
En tout cas, le nouveau syndicat libre et indépendant maintient une pression
sur la direction, afin de l'obliger à le reconnaître en tant que syndicat
d'entreprise, sachant, pertinemment, que la direction de Sider ne traitera pas
avec lui. Tant il est vrai que le partenaire public (Sider) qui détient 51% du
capital d'Arcelor Mittal, n'est pas en termes de sainteté avec les nouveaux
syndicalistes. Les travailleurs exigent même « le remplacement du président du
conseil d'administration désigné par Sider et l'éloignement de tous les
retraités qui continuent, encore, d'activer, en faisant fi, de toutes les
instructions du Premier ministre ». Pour sa part, le partenaire étranger
adopte, plutôt, une position « décontractée », face à ce renouveau, sur le
front social, comme nous l'a assuré M. Ammouri. Ce dernier souligne qu'il
s'agit d'une « aspiration des travailleurs qui n'ont, d'autres soucis, que la
protection des intérêts de l'entreprise, en exprimant, massivement, leur
volonté de s'affranchir de la tutelle UGTA, à cause des pratiques maffieuses
adoptées, en son nom, par certains de ses propres représentants locaux ».