Les travailleurs du complexe sidérurgique ArcelorMittal maintiennent la
pression en paralysant, mercredi 18 décembre, pour la deuxième journée
consécutive, toutes les unités de production. Hier donc, près de 4000
travailleurs ont organisé une marche de protestation à l'intérieur du complexe,
marquant une halte près du poste de police à l'entrée de l'usine où les choses
ont failli déraper vers le pire. Car, la colère est montée d'un cran lors de
cette halte et plusieurs travailleurs ont manifesté leur engagement en faveur
d'un prolongement de la marche à l'extérieur de l'enceinte du complexe. Mais,
cette option a été freinée par des représentants des travailleurs qui ont
appelé au calme et exhorté les manifestants à ne pas porter le conflit social
de l'entreprise dans la rue. Pour rappel, ils sont près de 87 % des
travailleurs (sur un effectif global qui avoisine les 4600 employés) qui ont
introduit leur retrait de l'ancien syndicat affilié à l'UGTA et se sont
inscrits auprès du « Syndicat libre et autonome de la sidérurgie » créé ces
deux dernières semaines par les travailleurs d'ArcelorMittal. « La grève se
poursuivra jusqu'à satisfaction de nos revendications », a rappelé, hier, M.
Ammouri, l'un des membres du Syndicat libre en expliquant que les
revendications ne sont uniquement liées qu'à l'exigence, certes primordiale,
d'un agrément autorisant le nouveau Syndicat libre à mener ses activités sur le
terrain et à interdire toute présence de syndicalistes affiliés à l'UGTA, vu
qu'ils ne possèdent plus les 20 % d'adhérents comme l'exige la réglementation.
En plus de cette doléance, les travailleurs ne veulent plus entendre parler du
représentant placé par le groupe Sider à la tête du Conseil d'administration
depuis l'avènement du partenariat 51/49 (la majorité des actions attribués au
groupe public Sider), ainsi que certains reproches faits au DRH, auquel on
conseille « de s'astreindre uniquement à ses prérogatives et ne plus s'immiscer
dans le conflit syndico-syndical », selon les termes de M. Ammouri. Interrogé
sur la réaction de l'administration que nous avons vainement tenté de joindre
et qui aurait, selon certaines sources, déclaré « l'illégalité » de la grève et
appelé les travailleurs à rejoindre leurs postes, M. Ammouri soutient que « les
responsables se montrent plutôt compréhensifs face à nos revendications, car
ils savent pertinemment que les travailleurs rejettent catégoriquement toute
tutelle syndicale exercée de la part de l'UGTA ». Et puis, dira-t-il, « ce
débrayage est initié d'une manière envisagée par les travailleurs dans leur
ensemble, sans aucune chapelle syndicale officiellement reconnue ». Bien
évidemment, souligne notre interlocuteur, les représentants du Syndicat libre
sont des partenaires crédibles, soutenus massivement par les travailleurs, et
peuvent en conséquence engager toutes négociations avec l'employeur. « Et c'est
pour cette raison que la question de la délivrance immédiate d'un agrément est
impérative pour mettre fin à la protesta », indique M. Ammouri. Celui-ci
précise que le service minimum est respecté durant cette grève, notamment avec
le maintien du haut fourneau en activité, non sans soutenir que « seule la
reconnaissance officielle du Syndicat libre permettra réellement de passer à
l'exécution du plan d'investissement de l'entreprise sur le moyen et long terme
car, à l'ombre de la présence des représentants de l'UGTA et du responsable
désigné à la tête du Conseil d'administration, ce sont les affaires
personnelles qui seront florissantes et non pas les intérêts des travailleurs
et du complexe sidérurgique ». Enfin, on apprendra que l'administration a
promis de régler l'essentiel des revendications « dans deux ou trois jours »,
mais les travailleurs campent toujours sur leurs positions, en attendant de
voir du concret.