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Il
y a deux semaines, un groupe de quatorze partis auquel se sont jointes quatre
personnalités politiques, dont deux d'entre elles candidates déclarées pour l'élection
présidentielle, avait élevé deux revendications en rapport avec cette cruciale
échéance : report de la révision constitutionnelle à l'après scrutin
présidentiel et mise en place d'une commission nationale électorale
indépendante de l'administration à laquelle incomberait de superviser
l'organisation du scrutin et le contrôle du déroulement des opérations
électorales.
Le pouvoir interpellé par ce pan de l'opposition a fait la sourde oreille sur la première revendication, mais fait savoir par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qu'il oppose un refus catégorique à la seconde. Le groupe interpellant n'a pas pour autant baissé les bras et est revenu à la charge le week-end dernier, même plus large dans sa composition puisque de quatorze partis elle est passée à une vingtaine, en réitérant ses deux exigences auxquelles il a jouté une troisième : un changement d'exécutif gouvernemental dans lequel les départements ayant à intervenir dans l'organisation du scrutin présidentiel seraient confiés à des personnalités « intègres et neutres » pour garantir « le principe de parité des chances entre les différents candidats ». Gageons que le pouvoir observera la même attitude à l'égard des revendications de ce pan de l'opposition après leur réitération, celle de les considérer « injustifiées » parce que contrevenant aux dispositions légales règlementant la prise en charge de l'organisation et du contrôle des élections dans le pays. Mais il ne peut occulter que les motifs dont le pôle de l'opposition a argué pour justifier son initiative ont de la pertinence et ne relèvent pas du seul procès d'intention. De la façon dont ils sont organisés dans le pays, du fait que l'administration qui en a la charge a démontré qu'elle n'est pas neutre, les scrutins électoraux ont systématiquement donné lieu aux accusations de fraude qui dans certains cas furent amplement justifiées. Récurremment, les autorités ont fait promesse de garanties destinées à faire œuvre de garde-fous contre la tentation de fraude mais sans offrir la plus radicale dans l'efficacité à savoir celle du dessaisissement de l'administration de son rôle d'acteur déterminant dans le contrôle des opérations électorales. Elles n'y consentent pas parce que ceux qui en formulent à chaque échéance électorale la revendication, finissent par abdiquer devant leur refus et pour la plupart vont à la confrontation électorale en sachant les dés pipés par avance. En sera-t-il de même cette fois-ci ? En tout cas, si les vingt partis et les personnalités qui ont formulé les revendications en question ont fait savoir ce qu'ils veulent, ils n'ont pas par contre révélé ce que sera la position qu'ils adopteront au cas qui se vérifie que le pouvoir va les ignorer. Certains d'entre eux sont déjà dans l'incohérence puisqu'ils se déclarent convaincus que l'élection présidentielle organisée aux normes définies par le pouvoir ne sera ni régulière, ni transparente, ni propre mais n'excluent pas d'y prendre tout de même part pour selon eux empêcher qu'il en soit ainsi. Un casuisme politicien qui laisse de marbre le citoyen lambda qui ayant lui intériorisé la conviction que rien ne change par la simple demande dans les règles électorales imposées par le pouvoir, s'en ira encore une fois à la « pêche » au lieu de se rendre aux urnes en avril prochain. |
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