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Le ministre de l'Industrie tunisien, Mehdi Jomaâ, a
été désigné samedi au poste de Premier ministre après un vote des partis
participant au dialogue national chapeauté par un quatuor d'organisations
nationales dont la très puissante UGTT. C'est un événement salutaire pour la
Tunisie qui est plongée depuis des mois dans une situation d'obstruction
politique injustifiée. Une partie de l'opposition a accepté la solution de
Mehdi Jomaâ, signe d'une décantation au sein de cette coalition hétéroclite
dans laquelle la vieille bourgeoisie tunisienne côtoie des militants
d'extrême-gauche.
Dans cette opposition, certains n'étaient pas en quête de solution mais de confusion. Leur stratégie se résume à rejeter systématiquement toutes les propositions de solutions émanant de la coalition au pouvoir. Le seul «ciment» de cette opposition est l'anti-islamisme et la crainte d'un retour aux urnes qui permet de « peser» le poids de chacun. Cette stratégie d'obstruction est patente dans leur refus de Mehdi Jomaâ. Homme sans affiliation partisane, Jomaâ a un profil professionnel - il a effectué sa carrière dans le privé et a été directeur dans une filiale de Total - plus susceptible de plaire aux élites bourgeoises tunisoises à «sang présumé bleu» qu'aux «roturiers» du mouvement Ennahda. Il a suffi que la coalition approuve ce choix pour que Nidaa Tounès et Al Joumhouri disent «non». Sans pourtant convaincre d'autres partis d'opposition de les suivre encore dans la même stratégie d'obstruction. C'est que l'opinion tunisienne a été lassée par ce jeu, cousu de fil blanc, où au lieu de chercher les solutions on fabrique les problèmes. L'opposition ne mobilisait plus. Ce début de déblocage est aussi lié au fait que le syndicat UGTT, en général plus favorable à l'opposition qu'à la coalition au pouvoir dominée par Ennahda, a décidé que ce jeu politicien devenait très dangereux pour un pays en proie à de grandes difficultés économiques, à la poussée des activités terroristes et à des velléités de l'appareil sécuritaire de se mêler de politique. En décidant de recourir au vote dans le cadre du dialogue national et de sortir d'une obligation de «consensus», transformée en moyen d'entraver la marche de la transition, l'UGTT a fait un choix de responsabilité. LA TUNISIE N'A PAS BESOIN DE MAN?UVRES POLITICIENNES, ELLE DOIT TERMINER SA TRANSITION EN SE DOTANT D'UNE CONSTITUTION ET D'UN CALENDRIER ELECTORAL. C'EST UNE DERNIERE LIGNE DROITE QUE LE PAYS NE PEUT SE PERMETTRE DE RATER. ELLE AURAIT PU ETRE ABREGEE SI UNE PARTIE DE L'OPPOSITION N'AVAIT PAS POUR SEUL OBJECTIF, JUSTEMENT, DE BROUILLER LES CARTES ET D'EMPECHER L'ACHEVEMENT DE LA TRANSITION. AVEC L'ARRIVEE D'UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE QUI VEUT RAPIDEMENT METTRE EN PLACE SON CABINET, ENNAHDA AURA ACCEPTE DE CEDER LE POUVOIR EXECUTIF. IL RESTE, BIEN ENTENDU, LA CONSTITUTION ET LE CALENDRIER ELECTORAL. ILS DEVRONT EUX AUSSI, EN CAS DE POURSUITE DE LA STRATEGIE DE L'OBSTRUCTION, ETRE TRANCHES PAR UN VOTE. L'OBLIGATION DU CONSENSUS A ETE TROP DETOURNEE POUR CONTINUER A S'IMPOSER INDEFINIMENT ALORS QU'IL FAUT TERMINER LA TRANSITION ET DONNER A LA TUNISIE UN GOUVERNEMENT RESPONSABLE CAPABLE D'AGIR SOUS LE CONTROLE D'UN PARLEMENT ELU. |
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