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«Aujourd'hui, les pays africains ont compris que c'est pour leur sécurité»

par G. O.

Les Américains ont décidé de régenter le continent africain en lui consacrant un commandement militaire d'interventions à la mesure de leurs ambitions expansionnistes.

Au même titre que l'Organisation transatlantique nord (OTAN) au sein de laquelle la suprématie américaine n'est plus à démontrer, l'USAFRICOM (Commandement américain pour l'Afrique) a décidé de médiatiser ses activités, d'expliquer ses missions et de préciser ses objectifs. Il le fait auprès des médias des pays africains. Pays qu'il affirme considérer comme des partenaires « à part égale » dans le maintien de la paix, la préservation de la stabilité, la lutte contre le terrorisme et le crime transnational. Il déclare aussi être prêt à intervenir dans le continent en cas de catastrophes naturelles ou de situations de crises ou de conflits régionaux, à la demande, disent ses responsables, des Etats africains. « Au début, l'idée d'un commandent américain pour l'Afrique n'était pas acceptée par les pays africains, mais aujourd'hui, ils ont compris que c'est pour la sécurité et la stabilité de leurs pays, » déclare un haut responsable du Commandement.

Du 8 au 14 décembre, le Commandement a reçu 5 journalistes algériens et 6 mauritaniens dans les casernes « Kelley » basées à Stuttgart en Allemagne pour les convaincre de sa bonne volonté de « rendre service aux Africains » ; ceci bien sûr, quand les demandes d'aides ne remettent pas en cause les intérêts américains qui sont d'une importance absolue et sans limites.

CE QUE VEUT «LE GENDARME DU MONDE»

Comme déjà connu depuis 5 ans, cette nouvelle force de domination que les Américains se sont offerte a son siège en Allemagne. Ils l'ont appelée USAFRICOM (Commandement américain pour l'Afrique). De par cette désignation, les enfants de l'Oncle Sam ne cachent pas ce désir « ardent » qu'ils ont toujours nourri pour régenter le monde. L'expression «gendarme du monde » qui leur est consacrée n'a jamais été une vue de l'esprit. « USAFRICOM est un des six commandements américains régionaux de combat affiliés au ministère américain de la Défense. Les responsables américains nous font savoir que ce Commandement est chargé de l'ensemble des opérations du ministère américain de la Défense et de ses manœuvres sécuritaires dans le continent africain et dans ses eaux territoriales.» Jusque-là, les ambitions « d'interventions » et de « combat » sont bien claires.

Pour eux, le continent africain est un «gouffre » de fléaux. « Les problèmes de sécurité de l'Afrique sont impressionnants, » affirme le lieutenant-colonel Charles Z. Hooper, directeur des stratégies, plans et programmes de l'USAFRICOM dans un écrit. « Terrorisme, importantes organisations extrémistes violentes, piraterie et trafic illicite d'armes, de stupéfiants et d'êtres humains, pauvreté et corruption dans beaucoup de régions contribuent, dit-il, à créer un cercle insidieux d'instabilité, de conflits, de dégradation environnementale, qui érodent la confiance des Africains en leurs institutions et en leur capacités de gouverner.»

Les responsables militaires américains tentent d'expliquer la nature de leurs objectifs et soulignent que «le Commandement africain des Etats-Unis active en coordination avec ses partenaires des différents pays et régions pour la construction et le développement de capacités de défense et de riposte susceptibles de faire face aux crises et aux menaces internationales ; ceci en vue de préserver les intérêts américains nationaux et d'encourager la paix et la stabilité régionales. » Ils estiment qu' « une Afrique sûre et stable sert au mieux l'intérêt national des Etats-Unis (?), elle est essentielle à l'achèvement de nos buts et objectifs.»

«LES REALITES FISCALES» AMERICAINES QUI EXIGENT L'EXPANSIONNISME

Les stratèges américains se plaisent à répéter ce proverbe africain : « Si vous voulez aller vite, allez seul. Si vous voulez aller loin, allez ensemble» quand il s'agit pour eux de souligner la nécessité d'un partage des tâches entre leur pays et les Africains. Les Etats-Unis ne cachent pas qu'ils veulent impliquer de nouveaux partenaires dans la recherche et la préservation de leurs intérêts de plus en plus croissants. Ils reconnaissent à demi-mots qu'ils se sont « accaparés » le monde et qu'il leur faut de l'aide pour en rester « les maîtres ». « Les réalités fiscales exigeantes, la fin de la guerre d'Irak, la transition se déployant en Afghanistan, et une concentration renouvelée aux intérêts continuels en Asie et au Moyen-Orient, augmentent l'importance de partager les tâches, » souligne le rédacteur de la réflexion. Il s'appuie sur les propos tenus en 2012 par le secrétaire américain à la Défense pour souligner à cet effet, que «mettre debout une capacité de partenariat reste un point important pour partager les coûts et responsabilités d'un leadership global avec les Etats qui apprécient les valeur de liberté, de stabilité et de prospérité.»

L'USAFRICOM a lancé ses premières activités le 1er octobre 2007. Il est commandé depuis le 5 avril 2013 par un des responsables de l'armée américaine, le général David Rodriguez.

Le Commandement fonctionne avec plus de 2000 hommes entre officiers supérieurs et fonctionnaires fédéraux des Etats-Unis, en plus de fonctionnaires contractuels. 1500 d'entre ces personnels travaillent au siège du Commandement à Stuttgart. Le reste des opérationnels ont été affectés aux unités de la base aérienne de l'Etat de Floride et de celle installée dans le Royaume-Uni. Le Commandement coordonne ses activités à travers des bureaux de coopération sécuritaire et des attachés de défense nommés au niveau de 38 pays. L'USAFRICOM a aussi des officiers auprès d'organisations africaines qu'il qualifie de « pivots » entre autres, l'Union africaine, la CDEAO (Communauté économique des pays de l'Afrique de l'Ouest) ainsi qu'auprès du Centre international Koffi Annan pour l'entraînement des troupes et le maintien de la paix au Ghana. L'on note que l'ensemble des personnels de l'USAFRICOM sont issus des compétences gravitant autour du gouvernement américain dans son ensemble. « Parmi eux, quatre officiers du corps diplomatique connus pour leur ancienneté auprès de missions américaines importantes et 30 cadres affiliés à 10 départements gouvernementaux dont le département d'Etat, la Défense nationale et l'Agence américaine pour le développement international, » précise le lieutenant-colonel.

«ON S'ATTEND A DES REVERS»

Les forces de l'USAFRICOM travaillent en étroite collaboration avec leurs compatriotes militaires activant dans différentes bases comme ceux de Naples (Italie), ceux de l'Europe stationnées à Stuttgart aussi, ceux basés dans la Corne de l'Afrique en plus des 2000 militaires de la base américaine installée à Djibouti. Le Commandement est, en plus, aidé par des forces spéciales des Marines stationnées elles aussi dans les casernes « Kelley » à Stuttgart. Le budget « opérationnel » de l'USAFRICOM varie d'année en année. Il était de 274 millions de dollars en 2010, 286 en 2011 et de 276 en 2012. « La zone de responsabilité de l'USAFRICOM est immense, diverse et complexe, » écrit le lieutenant-colonel. Zone qui inclut 53 Etats africains, plus de 800 groupes ethniques, plus de 1000 langues et une superficie géographique faisant 3,5 celle des Etats-Unis. Ajouté à cela « les problèmes politiques, économiques, sociaux et de sécurité. » Il précise surtout que « l'Afrique est géographiquement, historiquement et commercialement inexorablement liée non seulement aux deux piliers de notre orientation stratégique mais aussi à nos intérêts durables en Europe. » Tout en comptant leurs sous, les Américains rappellent que durant l'année fiscale 2012, l'USAFRICOM a déboursé 515 millions de dollars pour des programmes de sécurité au profit des 53 pays.

Le directeur des stratégies affirme dans sa contribution que « notre plus haute priorité pour l'heure, est la région de l'Afrique de l'Est qui est le lien entre le terrorisme et l'extrémisme violent qui menacent directement la sécurité de notre Nation. » Il s'attend cependant à « des revers » parce que dit-il « plusieurs gouvernements africains demeurent fragiles. » Le Mali représente à ses yeux le meilleur exemple. La Somalie est « le cauchemar » qui, selon lui, hante les Américains. « Ce qui nous tient éveillés la nuit est l'idée qu'un Américain, porteur d'un passeport US, endoctriné, entraîné en Afrique de l'Est et retournant aux Etats-Unis pour conduire une attaque terroriste», écrit-il encore.

L'Afrique du Nord figure dans le logiciel de contrôle sécuritaire américain parce que, note-il, « nous concentrons nos efforts sur El Qaïda dans le Maghreb islamique (AQMI) qui exploite les espaces mal gouvernés du Sahel pour planifier et exécuter des attaques terroristes.»