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Elle n'a toujours pas reçu son agrément : L'Association de lutte contre la corruption menace

par Z. Mehdaoui

L'Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC) a menacé de saisir les instances internationales après que le tribunal administratif s'est déclaré «incompétent» au sujet du recours qu'elle lui a adressé concernant le refus du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales de lui délivrer un agrément.

Dans une conférence de presse organisée hier au siège de l'association RAJ à Alger, les membres de l'ANLC ont dénoncé tour à tour ce qu'ils ont qualifié de «décision politique» prise à leur encontre par le ministère de l'Intérieur dans le but de les faire taire.

«Si le blocage continue, nous serons dans l'obligation de recourir aux instances internationales, dont l'Onu et ce, conformément à la Constitution algérienne», a déclaré Mustapha Atoui, président de l'ANLC. Ce dernier, qui plaide pour l'indépendance de la justice, a répondu au président du syndicat des magistrats, Djamel Aidouni, qui avait dans une conférence de presse, selon lui, accusé l'ANLC de «rouler» pour des parties étrangères.

«S'il a des preuves sur ce qu'il avance, alors qu'il les présente», a lancé M Atoui qui souligne dans le même cadre que l'association qu'il préside n'a jamais accusé les magistrats algériens de corruption mais simplement qu'ils subissent le «diktat» de l'exécutif.

Le président de l'ANLC a fait savoir, par ailleurs, qu'il n'existe aucune raison légale au refus du département de l'Intérieur de lui délivrer un agrément.

«Le pouvoir ne respecte pas l'un des principes fondamentaux des droits de l'homme, à savoir la création d'une association».

En dépit de cela, soutient M Atoui, l'ALNC continue de travailler et de récolter les «dénonciations» de citoyens.

Il affirme que son association est en relation avec un magistrat américain qui enquête aux USA sur les «biens mal acquis» de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil.

Le secrétaire général adjoint de l'ANLC, Feddal Hakim, soutiendra pour sa part que le pouvoir a peur de cette association qui est, dit-il, constituée de personnes intègres qui subissent d'énormes pressions.

Le conférencier dira que le site de l'association reçoit régulièrement des informations sur de graves affaires de corruption qui sont en cours en Algérie.

Il citera notamment un bateau battant pavillon étranger qui est bloqué au port en dépit d'une décision de justice algérienne ou encore un ministre qui aurait accaparé plusieurs assiettes foncières à Alger et qui aurait, selon, M Feddal, acheté récemment un hôtel au Canada.

«Contrairement aux allégations de certains, personne ne nous finance à partir de l'étranger», ajoute le secrétaire général adjoint qui fait état cependant de relations avec certaines ONG en citant notamment Amnesty International. Samir Feddal a annoncé en outre qu'à l'instar de Amnesty International, l'ANLC va rendre publics périodiquement des rapports sur la corruption en Algérie. Le premier rapport sera diffusé, a-t-il déclaré, la fin de ce mois de décembre.

«Il n'existe aucune volonté politique de lutter contre la corruption», ajoute de son côté le vice-président de l'association, Bedrouni Mahfoud.

Le conférencier affirme que l'exécutif pense des lois sur mesure pour mettre dans le placard les affaires de corruption dans notre pays.

La «prescription» concernant 6000 affaires de corruption tel que révélé par l'Office national de lutte contre la corruption entre dans ce cadre, de l'avis du vice-président qui fait état, par ailleurs, de licenciement et de poursuites judiciaires engagés à l'encontre de plusieurs personnes qui ont eu le courage de dénoncer des affaires de corruption dans nombre de régions du pays.

Enfin, les membres de l'ANLC ont affirmé, hier, qu'ils comptaient saisir le Conseil d'état après avoir eu vent de la dernière décision du tribunal administratif et se sont montrés déterminés à continuer à lutter contre le phénomène de la corruption malgré tous les obstacles.