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Affaire Kerroumi jugée hier à Oran : L'accusé condamné à 20 ans de prison

par Ziad Salah



Le verdict est tombé comme une douche froide : vingt ans de réclusion criminelle pour le jeune Mohamed Belbouri, accusé du meurtre d'Ahmed Kerroumi. Les délibérations n'ont pas excédé une vingtaine de minutes. Le     Procureur général a pour sa part requis la perpétuité. Pourtant, fait inhabituel, la défense et les avocats de la partie civile se sont employés à détruire un à un tous les arguments contenus dans l'arrêt de renvoi mais aussi les conclusions de tous les rapports d'expertise à commencer par celui du médecin légiste. Dans ce sens, signalons que les avocats de la partie civile sont les premiers à avoir donné une connotation politique à ce procès, présenté dès son ouverture comme une banale affaire de mœurs. Dans ce sens, notons que l'accusé a reconnu avoir par quatre fois des relations intimes avec la victime. Maître Farid Khémisti, dans sa plaidoirie, a précisé qu'il n'a absolument aucune inimité à l'endroit de l'accusé, mais «que son souhait se limite à l'éclatement de la vérité». Son confrère, Maitre Hanouni, du barreau d'Alger abondera dans le même sens «pour réhabiliter la mémoire du défunt. Parce ce que dans notre pays on tue deux fois les militants démocrates». A part cette concordance entre les avocats de la partie civile avec ceux de la défense, ce procès a connu une grande révélation. «La tombe de Kerroumi a été construite la nuit même de son enterrement. Et pas par les membres de sa famille», lance Maître Khémisti. Commentant le fait, un avocat de la défense dira «on a tenté d'enterrer définitivement l'affaire en enterrant la victime». Tous ceux qui se sont relayés ont relevé des contradictions de ce dossier. Maître Medjdouba tonnera «l'arrêt de renvoi d'une affaire de cette taille ne dépasse pas vingt pages, est-ce normal?» De sa part, Maître Hanouni, avocat de la partie civile, tiendra à rappeler les circonstances du meurtre de Kerroumi. «C'est dans une période où le printemps arabe rampait aux portes de notre pays», soulignera-t-il. Il rappelera l'activité de Kerroumi au sein de son parti mais aussi au sein de la CNCD. Mais c'est le médecin légiste, présent cette fois-ci sur requête de la défense, qui a soulevé le plus d'interrogation. Tous les avocats de la partie civile comme de la défense ont récusé les conclusions de son expertise.    L'un d'eux ira jusqu'à dire «on a assisté à des investigations orientées». Remarquons que le légiste, qui a établi l'autopsie, a aussi examiné l'accusé. Sur perquisition de la justice? Non, dira-t-il, mais sur demande de la police. En outre, il oubliera ou évitera de mentionner la date de cet examen.

De l'avis des avocats, le dossier comporte des trous noirs et pleins de zones d'ombre. Tous ont émis la conviction que Belbouri Mohamed était «l'accusé idéal». On a essayé d'incriminer son père dans un premier temps. C'est ce qu'il révèlera devant le tribunal. Signalons que Maitre Benissaad, en qualité de représentant de la LADDH a assisté au procès en tant qu'observateur. Kaddour Chouicha, représentant l'autre aile a lui aussi assisté de bout en bout à ce procès. Des militants de gauche ainsi que les représentantes d'associations féminines ont été présentes sur les lieux.     Elles font partie d'un Comité de la Vérité sur l'assassinat de Kerroumi.