
La wilaya de
Mostaganem, comptant plus de 764.000 âmes et s'étendant de Oued El Macta à
l'ouest jusqu'à Ouled «Boughalem» à l'est, a été depuis plusieurs années leader
dans la production de la pomme de terre de consommation.
L'année dernière
plus de 6000 ha ont été réservés pour la plantation du tubercule. Toutefois,
les 1000 fellahs de la filière ont été violemment confrontés à la baisse
drastique du prix de la pomme de terre. Ecoulée à son plus bas prix, jamais
atteint ces dernières années (15 DA le kg au marché de «Souk El Lil») du fait
d'une surproduction dépassant le 1 million de tonnes. «Acculés» par les
productions venant d'El Oued et de Mascara, plusieurs agriculteurs nous ont
fait part de la situation critique qu'ils endurent depuis des mois. Ils étaient
contraints de «brader» le tubercule à 15 DA le kg où le laisser pourrir sous
terre. «J'ai des dettes colossales sur les épaules; depuis le mois de mai
dernier j'ai laissé plus de 160 millions de centimes lors de la récolte; j'ai
trimbalé 100 tonnes dans les bras des semaines durant que j'ai écoulées à 15 DA
le kg pour éviter un pourrissement. Avec ce prix je ne peux même pas payer la
main-d'œuvre», nous explique un fellah de la région de «Siret». Un autre
enchaîne que pour la semence fixée à 8000 DA le quintal en moyenne et 1000 kg
d'engrais pour faire un hectare de pomme de terre, tu dépenseras plus de 18
millions de centimes ! Ajoute à cela d'autres charges telle l'électricité, les
produits phytosanitaires, les pesticides et autres.. Vendre à moins de 30 DA le
kg c'est carrément une perte sèche. Pour préserver la filière qui fait nourrir
plus de 70.000 foyers toutes les matières devront être subventionnés par
l'Etat, même la pomme de terre de semence, souligne un autre fellah. Pour cette
campagne qui a déjà démarré timidement dans les régions de «Siret», «Bouguirat»
et «Hassi Mamèche», des centaines d'agriculteurs hésitants ont totalement
changé de produit et d'activité de fait de l'endettement contracté lors de la
dernière opération. Le tubercule risque de prendre des ailes si une baisse est
enregistrée dans la production à partir d'avril prochain, période de
l'arrachage. En 2000 la pomme de terre a atteint 100 DA le kg et les pouvoirs
publics ont été contraints à importer plus de 150.000 tonnes pour faire baisser
les prix à la consommation. Au niveau de l'entreprise portuaire de Mostaganem,
on enregistre déjà une baisse dans le trafic de la pomme de terre de semence où
seulement 9 navires transportant 27.000 tonnes ont été réceptionnés à ce jour.
Selon nous sources, la baisse a atteint plus de 30% par rapport à l'année
dernière.