L'Algérie, c'est
quand même compliqué, dit, affectueusement, le président de la Banque Africaine
de développement (BAD) dans l'entretien accordé à Le Quotidien d'Oran - Maghreb
Emergent. C'est valable aussi pour l'élection présidentielle qui est encore, à
moins de cinq mois de l'échéance prévue, en mode «murmure». Qu'il est difficile
d'amplifier tant les acteurs réels ou simplement potentiels sont prudents ou
velléitaires. Mais il existe quand même des candidats qui se sont annoncés.
C'est un fait. C'est d'eux que l'on va parler. Ici, on a choisi, d'évoquer ceux
qui ont un profil économique ? ou d'économiste- et qui veulent aborder leur
campagne en centrant sur cet aspect. Qui sont-ils, que proposent-ils ? Une
ébauche de réponse. Mais en attendant, l'élection présidentielle ? cette
délicate corvée pour le système ? va maintenir des sujets en instance ou en
mode tabou. Pas question par exemple, ainsi que le martèle martialement
Abdelmalek Sellal, probable «plan b» dans la présidentielle, de toucher aux
subventions. Tant pis, si le consensus des experts ? la précision s'impose, ce
n'est pas un consensus des politiques ? martèle que c'est une démarche
«intenable» et qu'il faudra bien, à un moment ou un autre, faire le tri dans
les subventions. D'ici la présidentielle et même au-delà, on peut carburer et
gaspiller tranquille. L'électeur-consommateur prime. Quant aux «affaires» qui
sentent le souffre, il y a très peu de chance qu'elles soient abordées durant
cette période. Sonatrach 1, 2, Khalifa, l'autoroute? Tout cela va rester dans
les «en instances». On traitera quand on sera prête, si tant est qu'on traite.
Il ne reste qu'à suivre les péripéties de certaines d'entre-elles à travers ce
que rapporte la presse du «job» de la justice italienne. Aux dernières
nouvelles, «notre ami» patron d'ENI, Paolo Scaroni, est toujours dans le
collimateur de la justice, PietroVarone, ancien directeur de la division
ingénierie et construction de Saipem, le chargeant directement. Et en parlant
d'amicales discussions à Milan et Paris entre Scaroni, Chakib Khelil et Farid
Bedjaoui? où l'on aurait bien commissionné. Le sujet est, chez nous, dans Sonatrach
2 et, parait-il, il y aurait un vice de forme dans le mandat international
lancé contre Khelil. Bref, c'est une affaire qui va rester longtemps «en
instance». Comme d'autres. En attendant, la présidentielle ne risque pas de
régler le problème des chiffres approximatifs, gonflés ou farfelus qui
finissent par rendre l'économie algérienne aussi indéchiffrable que les
conciliabules politiques du système. La fâcheuse habitude de donner des
chiffres qui n'ont aucun sens disparaitra-t-elle quand les «échéances» seront
dépassées ? La question est vieille et cela donne une idée de la réponse. Oui,
l'Algérie, c'est quand même très compliqué.