Le chiffre donne froid au dos : 1.477 diabétiques ont été amputés du pied
entre janvier et octobre 2013 au centre hospitalo-universitaire d'Oran (CHUO),
a-t-on appris hier auprès du chargé de communication de cet établissement
hospitalier. Il s'agit de malades de toute la région ouest et même d'autres
wilayas de l'est du pays. Le nombre le plus important des amputations a été
enregistré en juillet dernier avec 175 opérations suivi de septembre (161) et
octobre (160). La progression du nombre des amputations se justifie par le fait
que le CHUO reste le seul établissement de la région à prendre en charge ces
diabétiques vu que tous les autres établissements publics ou privés refusent
ces opérations de chirurgie générale mais qui nécessitent toutefois des soins
spécifiques. «Une amputation du pied coûte en moyenne 3.000 euros à notre
établissement. Ces dépenses concernent l'achat des médicaments pour éviter les
complications aux malades. Outre la facture salée de ces opérations de
chirurgie générale, cette progression des amputations a des répercussions
fâcheuses sur le cursus des médecins spécialistes», précise notre source. Le
pied de diabétique constitue un véritable problème de santé publique et
nécessite pour sa prise en charge toute une structure spécialisée avec une
équipe pluridisciplinaire dont des médecins généralistes, diabétologues,
chirurgiens, orthopédistes. En l'absence d'un réseau de prise en charge
multidisciplinaire dans notre pays, les diabétiques se heurtent souvent à des
difficultés d'orientation qui retardent les délais d'une prise en charge
médicale et chirurgicale efficace. Selon de récentes statistiques, 65% des
pieds de diabétiques sont amputés à travers le territoire national. Le
diabétique est pris en charge dans les services de diabétologie ou de médecine
interne et représente 20 à 25% des motifs d'hospitalisation. Malheureusement,
les structures de prise en charge sont très insuffisantes au niveau national,
en nombre et capacité d'hospitalisation et en équipes pluridisciplinaires, ce
qui augmente le risque de complications et d'amputations chez les malades
diabétiques. Sur les 10% des diabétiques qui souffrent de lésions du pied
nécessitant une amputation, 50% d'entre eux subiront une amputation de la
deuxième jambe dans les cinq années suivantes avec un taux de mortalité de 50 à
60%, avertissent les spécialistes. Il est à noter que 8.000 à 13.000
amputations du pied en moyenne sont pratiquées chaque année en Algérie.