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En attendant l'Agence nationale de greffe

par A. Mallem

Selon des chirurgiens urologues que nous avons rencontrés, hier, à la clinique Daksi, la greffe rénale «ne marche pas fort aujourd'hui au niveau national».

Et ces praticiens ont mis en cause l'Agence nationale de greffe, structure créée par décret présidentiel, qui tarde encore à entrer en fonction. «Nous attendons que l'Agence nationale de greffe entre en activité et puisse mettre en application le programme qu'on attend d'elle, surtout pour démarrer la transplantation d'organes prélevés sur des cadavres». Malheureusement, cette agence n'arrive toujours pas à démarrer, ont-ils laissé entendre, et toutes les équipes de greffe rénale en Algérie restent dans l'attente de son entrée en activité. «Et pour tout vous dire, nous confie un chirurgien, cette année, la greffe rénale n'a pas marché fort au niveau national à cause, justement, du retard de démarrage de l'Agence nationale de greffe d'organes. Il n'y a qu'à voir le service de chirurgie urologique de l'hôpital Mustapha, actuellement à l'arrêt, pour se rendre compte du phénomène». Et un autre de rectifier pour dire que le service de l'hôpital Mustapha est à l'arrêt pour cause de travaux. «Mais ces travaux vont durer», a-t-il précisé néanmoins.

Interrogé à propos des opérations de greffes rénales réalisées cette année dans sa clinique, le professeur Abderrezak Dahdouh, chef du service de chirurgie urologique et de transplantation rénale de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) de Daksi, a répondu : «Cette année, nous sommes à six opérations de greffe rénale seulement, à partir de donateurs vivants. Et deux autres vont être réalisées au cours de ce mois de décembre. Nous opérons en fonction du recrutement des couples donneurs-receveurs. Donc, on peut dire que nous avons eu 8 recrutements de couples cette année». D'autre part, le Pr. Dahdouh a affirmé que le problème du prélèvement d'organes sur cadavre n'existe plus. «L'Agence nationale de greffe d'organes, qui gère cet aspect, va s'occuper de mettre en place tous les mécanismes de prélèvement et toutes les connexions entre les différents secteurs, a-t-il expliqué, ajoutant que le problème d'éthique est réglé. «Reste un problème de connexion et de coordination entre les différents intervenants, car la question concerne aussi bien le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Santé, le ministère de la Justice que le ministère des Affaires religieuses. Et c'est l'Agence nationale de greffe qui conduit cette coordination, ainsi que la mise en place d'un registre des donneurs volontaires». Il poursuivra en signalant qu'il y a, chaque année, plus de 4000 morts sur les routes, en majorité des jeunes personnes qui étaient en bonne santé et qui peuvent donc, fournir des organes sains et vigoureux.

Le service de chirurgie urologique et de transplantation rénale de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Daksi organise, en collaboration avec le laboratoire Ipsen, des journées de formation médicale continue en urologie sur la coello-chirurgie «on live», hier et aujourd'hui, avec la participation de l'équipe de la clinique Atlantis de Nantes (France), dirigée par le Dr. Jacques Lacoste, accompagné du Dr. Eric Potiron et Mme Marion Chatellier. La matinée du samedi a été consacrée aux activités opératoires avec interactivité entre le bloc opératoire et la salle de conférences et l'après-midi a été réservée à une conférence sur les nouvelles techniques chirurgicales.

En sollicitant le Pr. Dahdouh pour nous donner des informations sur ces nouvelles techniques, ce dernier a expliqué qu'il s'agit «de nouvelles techniques de traitement des maladies rénales consistant à aborder le rein en rétro-péritoniale, par voie scopique». C'est une technique «mini invasive qui consiste à rentrer par deux petits trous, sans incision chirurgicale. Et cela permet de traiter plusieurs pathologies, comme certaines lithiases rénales ou urétérales, des tumeurs rénales, de faire des néphrectomies, de traiter des kystes du rein ou des maladies malformatives de la voie excrétrice. Cette technique donne des résultats post-opératoires meilleurs, avec moins de complications, moins de pertes sanguines, moins de douleurs post-opératoires et une récupération plus rapide et sans incision de la paroi musculaire. Le malade peut sortir au bout de trois, ou quatre jours, après l'opération».

Cette année, l'Algérie a été l'invitée d'honneur de l'association française d'urologie (AFU) qui a été créée par l'urologue Félix Guyon en 1896. L'AFU a rendu hommage à l'urologie algérienne à travers la médaille Félix Guyon, la plus haute distinction dans cette discipline, qui a été décernée au professeur Abderrezak Dahdouh. «Cette nouvelle relation de qualité entre l'association française d'urologie (AFU) et la Société algérienne de chirurgie urologique (Sacu) ouvre de nouvelles voies à une meilleure collaboration, à un meilleur partenariat entre les chirurgiens urologues français et algériens», dira en conclusion le Pr. Dahdouh.