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Après Tripoli, la ville de Benghazi, berceau de « la révolution »
libyenne qui a fait tomber Maamar Kadhafi, s'est rebellée contre les milices du
groupe islamiste «Ansar Acharia», après les violents affrontements de lundi.
Hier mardi, la ville côtière était pratiquement «fermée». Tous les magasins,
les commerces, les administrations, les écoles et les universités étaient
fermés pour réclamer le départ des groupes armés. Les habitants de Benghazi
ont, en fait, largement suivi l'appel à la désobéissance civile lancé par le
Conseil local de Benghazi, et par l'Union des organisations de la société
civile de la ville. Ecoeurés et dégoûtés par les violences et le diktat des
milices d' «Ansar Asharia», les habitants de Benghazi ont ainsi tenu à les
dénoncer et réclamer leur départ. Si le calme était, plus ou moins, revenu
mardi, seuls les hôpitaux et stations d'essence continuaient à fonctionner,
normalement dans une ville fantôme. Et, pour accentuer leur ras-le-bol de la
présence de ces groupes armés, des dirigeants de la ville ont appelé les
habitants à la désobéissance civile pour dénoncer les violences, après des
heurts meurtriers, la veille, entre l'armée et ce groupe armé.
Les affrontements entre l'armée libyenne et le groupe jihadiste d' «Ansar Ashariaa», de lundi matin, à Benghazi, auraient fait 9 morts et 49 blessés, selon le gouvernement. «Les affrontements ont fait 9 morts et 49 blessés», a déclaré le ministre de l'Intérieur par intérim, Seddik Abdelkarim, dans un communiqué. Il a, également, appelé les habitants de Benghazi au calme et à collaborer avec les forces régulières, soulignant que les autorités ont pris toutes les dispositions pour rétablir l'ordre dans la ville. La veille, le gouverneur militaire de Benghazi avait placé l'armée libyenne en état d'alerte, à la suite des affrontements sanglants de la journée avec les éléments d'«Ansar Ashariaa». «Le chef de la chambre commune de Sécurité de Benghazi (gouverneur militaire), le colonel Abdallah al-Saiti a décrété l'état d'alerte» et «demandé à tous les soldats de rejoindre leurs unités», selon un responsable militaire. A Benghazi, si la tension avait baissé d'un cran, mardi, il n'en demeure pas moins que la situation reste tendue. Le Conseil local entend bien faire respecter son appel à la «désobéissance civile» durant trois jours, à compter de mardi, en observant, notamment, des grèves, et un deuil pour la même période. Le Conseil a, également, demandé «aux membres du Congrès général national (CGN, Parlement), issus de Benghazi, de rentrer immédiatement», en signe de protestation contre les heurts. L'armée libyenne a réussi à avoir le dessus sur les groupes d' «Ansar Achariaa» et s'était massivement déployée dans la ville de Benghazi, durant la nuit de lundi à mardi. Le Premier ministre Ali Zeidan, dans une tentative de ramener le calme, s'est rendu, lundi soir, à Benghazi pour s'entretenir avec les responsables de la sécurité de la ville. Les habitants de Benghazi ont, de leur côté, attaqué, la même soirée de lundi, le siège de ce groupe armé à Ajdabya, au sud de Benghazi, obligeant ses occupants à quitter les lieux, et remis ensuite à une unité de l'armée, selon une source locale. Le ministre de la Défense Abdallah al-Teni a indiqué que ses services étaient en contact avec «Ansar Ashariaa» qui réclame un corridor sécurisé pour se retirer de Benghazi avec son armement. «Les chefs des unités de l'armée de la ville se sont engagés à assurer un corridor à «Ansar Aschariaa» à condition qu'il remette ses armes lourdes», a précisé le ministre. «Ansar Acharia», composé d'anciens rebelles ayant combattu les forces loyalistes, en 2011, empoisonne la vie des Libyens et constitue un réel souci pour le gouvernement de Ali Zeidan. Il est, également, fortement suspecté d'avoir attaqué des juges et des membres des forces de l'ordre, et est aussi soupçonné dans l'attaque contre le consulat des Etats-Unis, à Benghazi, qui avait coûté la vie à 4 Américains, dont l'ambassadeur, en septembre 2012. «Ansar Ashariaa» a, toutefois, démenti toute implication. Et, ce qui complique les choses pour les nouvelles autorités libyennes, ce groupe a déclaré ne pas reconnaître les institutions de l'Etat ni ses services de sécurité, les qualifiant d'apostat et de «Taghout». |
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