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Entre 900 et
1.000 cas de violence contre les femmes sont comptabilisés chaque année par le
service de médecine légale du CHU de Constantine et 300 d'entre elles en
meurent, a déclaré, hier, à la radio le docteur A. Benharkat, chef du service
de médecine légale, en citant «une moyenne de 80 cas par mois». Et ces chiffres
sont loin de refléter l'ampleur de ce phénomène dans notre société du fait que,
souvent, «les femmes battues s'abstiennent de révéler ces violences ou d'en
faire part à quiconque», a affirmé ce praticien, en ajoutant que la plupart des
femmes battues qui arrivent dans son service sont dépourvues de toute pièce
d'identité. D'autre part, a-t-il poursuivi, il y en a celles qui font des
dépressions ou qui parlent de suicide. Et à ce propos, il a cité le cas de deux
femmes battues qui sont passées à l'acte, en mettant fin à leur vie au cours du
mois de Ramadan dernier. Aussi, les rares victimes qui ont consenti à
s'exprimer hier à la radio, ont décrit la situation dramatique des femmes
battues, en affirmant que celles-ci existent en grand nombre à Constantine, et
la majorité d'entre elles sont celles qui se trouvent à l'intérieur de la
cellule familiale. Mais elles se taisent et supportent leur condition.
Côté associatif, l'association ?'Rachda'' a lancé un appel désespéré demandant la conjugaison des efforts afin de lutter contre le phénomène, en créant des centres d'accueil spécialisés servant de refuge aux victimes. Malika Chettouh, la présidente de Rachda à Constantine, a déclaré à l'occasion de la célébration hier de la Journée mondiale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, que «les femmes rencontrent beaucoup de difficultés pour prendre contact avec notre association afin de raconter leur calvaire. Et les problèmes détectés par notre psychologue à la faveur des rencontres avec les femmes battues démontrent que celles-ci rencontrent des difficultés très pénibles au sein de leurs familles». «En cinq ans d'existence de notre association, nous avons accueilli plus de 800 plaignantes. Et nous avons travaillé avec les services de la police et de la gendarmerie et avec le service de médecine légale pour essayer de leur venir en aide», dira-t-elle. Elle signalera aussi que, généralement, les femmes battues évitent de déposer plainte craignant d'aggraver leur situation. Côté officiel, la cellule d'écoute que la direction de l'action sociale (DAS) a installée, il y a tout juste une année, «n'a accueilli que 45 femmes battues». Il faut citer aussi cette autre catégorie de femmes hébergées à Diar Errahma de Djebel Ouahch dont une dizaine ont été recueillies dans la rue avec leurs enfants, a déclaré également M. Rehaïlia, cadre chargé de la communication à la DAS de Constantine, ajoutant que la plupart d'entre elles ont été battues puis abandonnées par leurs maris. «Elles sortent dans la rue pour mendier afin de nourrir leur progéniture, a-t-il expliqué, en citant aussi le cas des femmes, et elles sont nombreuses, qui ont contracté des mariages ?'orfi'', qui ont été jetées dans la rue et dont les maris refusent de reconnaître la paternité des enfants». Celles-là ont un double problème, dit-il. «Leurs parents refusent de les reprendre et leurs enfants ne sont pas inscrits au niveau de l'état civil». C'était donc, hier, la commémoration de la Journée mondiale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Malheureusement, après que la seule association existante au niveau local, Rachda en l'occurrence, a été réduite au silence, en perdant le local dans lequel elle activait, ce sujet a été complètement escamoté, et la seule institution qui s'est manifestée est l'APW qui compte organiser une «journée d'étude» sur le thème. La manifestation est prévue pour jeudi prochain 28 novembre au niveau du palais de la culture Malek Haddad de Constantine. |
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