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Le patrimoine immobilier du centre-ville s'effrite

par Rachid Boutlélis

La réhabilitation du prestigieux centre-ville et de ses quartiers, véritables pans de l'histoire contemporaine de la cité éponyme de Sidi El Houari, ne semble, à priori, toujours pas avoir été inscrite sur la feuille de route des responsables concernés. Le relogement et les opérations de démolition, formule la plus facile, ont constitué les uniques raisons des visites d'inspection effectuées par les chefs des exécutifs qui se sont succédé aux rênes de la gestion de la capitale de l'Ouest. Dans le quartier Derb, de Sidi El Houari, de Plateau St Michel ou encore à Gambetta, entre autres, nombre de familles sédentaires sollicitent la restauration de leur lieu de résidence en s'opposant farouchement à la démolition de leur point de repère.

«Je vis toujours dans cet ex-quartier israélite où j'ai vu le jour, qui n'a jamais fait l'objet d'un quelconque aménagement en dehors des démolitions. La qualification de vieux bâti n'est en fait, à mon humble avis, et en toute vraisemblance, qu'un prétexte farfelu pour justifier l'incompétence criarde en termes d'études de réhabilitation. L'état de déliquescence du prestigieux théâtre Abdelkader Alloula reflète parfaitement à lui seul l'image de ce malheureux état de fait, qui concerne également les autres zones du centre-ville », a commenté avec une pointe de dépit un retraité de la fonction publique demeurant à Derb. Notre interlocuteur a encore ajouté « des natifs d'Oran, installés à l'étranger, ont eu les larmes aux yeux en constatant la dégradation avancée de leur ancien lieu de résidence. Ils étaient outrés par l'indifférence des autorités locales à l'égard de tout ce grand patrimoine livré aux mignardises de la nature, qui n'a jamais été ciblé par une opération d'entretien».

Vraisemblablement, l'engouement de l'extension de la ville vers sa région Est semble constituer l'essentiel de l'argument du renvoi aux calendes grecques d'un aménagement visant à restaurer ses incontournables repères. La répugnante décrépitude des grands boulevards d'Oran, qui jadis n'avaient rien à envier aux grandes métropoles du Vieux Continent, comme à titre d'exemple ceux de Mohamed Khémisti (ex-Alsace Lorraine), Larbi Ben M'hidi (ex-rue d'Arzew) ou encore la voute séculaire des Arcades, entre autres, suscite un pincement aux cœurs des Oranais. La moindre petite averse met à nu les carences en matière d'absence quasi totale d'entretien et ce, en exposant les habitants des quartiers du centre-ville à moult désagréments. Les nids-de-poule et autres cratères tapissant les rues, se transforment en de véritables marécages où la circulation automobile et piétonnière devient très difficile voire impossible. Les effondrements de bâtisses sont devenus un leitmotiv dont nul ne semble s'en offusquer.

«Ce triste constat n'est, malheureusement, que le fruit d'un manque de considération pour la restauration du patrimoine de notre centre-ville. C'est aberrant en partant du fait que dans un passé encore vivace, Oran a été classée parmi les plus belles cités du bassin méditerranéen », a fait remarquer désappointé un vieux riverain de l'avenue Loubet, sise en plein cœur de la ville, une zone qui s'effrite insidieusement comme une peau de chagrin et ce, à la faveur d'une absence collective de conscience. Des déclarations similaires ont été formulées par nombre d'anciens habitants des lieux, qui ont revendiqué une action pour tenter d'endiguer l'apocalyptique enlaidissement et la déchéance du cœur de la capitale de l'Ouest.