Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

DJELFA: Menace sur l'élevage ovin

par Bekaï Abdelkader

La campagne risque de perdre sa vocation de terre agricole, mais aussi et surtout, celle de l'élevage ovin, donnant ainsi l'occasion à la désertification de s'amplifier et de faire fuir les nomades, qui sont les principaux éleveurs de moutons. Cette éventuelle et inquiétante situation sera, forcément, très négative sur le plan socioéconomique.

Djelfa, capitale de la steppe, possède le plus grand cheptel, au niveau national (plus de 7 millions de têtes), risque d'être la plus touchée par l'exode rural et l'avancement du désert. La sécheresse décourage les éleveurs. Pourtant, le cheptel de Djelfa renferme les meilleures races de moutons (Rembi, Hamra, Taâdmi et Ouled Jellal) qui sont caractérisées par leurs aptitudes physiques et productives. Beaucoup d'éleveurs ont été obligés de changer de vocation parce qu'ils ne trouvaient plus de terres fertiles capables de supporter un cheptel, de plus en plus important. La demande, toujours très pressante, de la viande ovine nécessite un intérêt vital de la part des responsables du secteur et surtout du Haut-Commissariat à la steppe dont le siège est pourtant à Djelfa. L'importation de la viande congelée, et malgré son prix assez abordable, n'a pas de succès auprès de la population et ne peut, en aucun cas, remplacer la viande fraîche des pâturages et des zones steppiques. Ces dernières années, on assiste à un phénomène nouveau, à savoir : un élevage destiné exclusivement à l'abattage, et non pas un élevage de longue durée pour fructifier le cheptel comme cela se faisait, auparavant. Il n'y a plus, actuellement, de grands éleveurs parce que les gens ont peur pour leurs troupeaux et ne gardent qu'un minimum de têtes en attendant des jours meilleurs. Les éleveurs les plus actifs ? et ils ne sont pas nombreux ? sont ceux qui ont de gros moyens matériels et financiers et qui peuvent s'approvisionner en eau, à tout moment, ou déplacer leur cheptel d'une région à une autre. Par contre, les petits éleveurs cherchent des zones avec des points d'eau et s'y localisent, mais cela devient très difficile à cause de la sécheresse.

Les dernières pluies leur ont donné, néanmoins, beaucoup d'espoir. Ces points d'abreuvement constituent, pour ces petits éleveurs, démunis, un élément important qui les persuade de rester à la campagne et de garder un amour indéfectible pour la terre et l'élevage.

Les responsables du Haut-Commissariat doivent penser à créer davantage de points d'abreuvement et des digues de déviation des oueds, en faveur de ces gens et associer leurs efforts à ceux des éleveurs pour une croissance effective du cheptel et faire baisser le prix de la viande qui s'envole, de jour en jour, devenant un produit de luxe pour la plupart des foyers.