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Faire du tourisme en Algérie coûte cher

par Abdelkrim Zerzouri

La pente sera dure à remonter mais l'espoir est permis. C'est l'impression qui se dégage des réactions des voyagistes aux dernières déclarations du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, M. Mohamed Lamine Hadj Said, qui a insisté mercredi dernier, lors d'une virée à Janet (wilaya d'Illizi), sur la nécessité d'encourager le tourisme local au lieu de se limiter à l'activité touristique vers l'étranger. Avec des potentialités énormes, le tourisme intérieur ou local demeure affreusement abandonné par les professionnels du métier. Bien sûr, ces derniers font valoir à chaque fois les raisons profondes qui orientent leur activité touristique vers l'étranger, particulièrement la question des prix excessifs de transport et d'hébergement pratiqués en Algérie. Mais, il semble que le vent souffle en faveur d'une révision de la politique adoptée jusque-là dans le domaine du tourisme. «Nous envisageons d'appliquer une nouvelle stratégie pour faire de l'Algérie une destination par excellence à l'abri des aléas des saisons ou à des situations que nous ne pouvons maitriser», a indiqué le ministre du Tourisme qui présidait, à l'occasion de sa visite de travail et d'inspection mené dans la wilaya d'Illizi en fin de semaine écoulée, la signature d'un accord de coopération avec les différents partenaires sociaux, les agences de tourisme et de voyages et trois autres secteurs (Ressources en Eau, Education nationale, Poste et Technologies de l'Information et de la Communication). Il a appelé à ce propos, les agences de tourisme et de voyages à proposer des offres touristiques diversifiées en prenant en compte les prestations les accompagnant (transport, hébergement, restauration et sécurité) outre les circuits touristiques culturels et historiques (archéologiques, religieux, et thermaux). Le ministre du Tourisme a qualifié ces agences de «locomotives en mesure de garantir le succès de l'activité touristique», les appelant à «intensifier la commercialisation de leurs produits». Une sortie très appréciée par les voyagistes. «Nous accueillons avec satisfaction les nouvelles mesures d'encouragement décidées en faveur des professionnels du secteur et qui visent une relance du tourisme local, longtemps délaissé, mais il faut que la dynamique soit plus vaste et que l'aide des pouvoirs publics soit managée d'une façon judicieuse et efficace pour toucher le fond du malaise», nous a déclaré hier le président du syndicat des agences de voyage «Est», M. Farid Larbaoui. Ce dernier fera remarquer que le ministre est un homme qui a accompli son parcours professionnel dans le secteur du tourisme et de ce fait il connaît parfaitement les hauts et les bas des voyagistes. « Bien évidemment, soulignera notre interlocuteur, nous lui laissons le temps qu'il faut pour aborder les dossiers sensibles, à l'enseigne de l'effacement de la dette de certains professionnels qui se trouvent en difficultés afin de leur permettre d'aller de l'avant dans cette dynamique, ainsi que le soutien en moyens financiers et matériels à apporter aux voyagistes qui ont la capacité managériale de donner un plus en matière d'encouragement du tourisme local ». Rappelons que le gouvernement a réduit de 25 % à 19 % la taxe sur le bénéfice des agences activant dans le tourisme d'accueil, une décision qui vise la promotion du produit touristique national. Et dans ce même cadre d'encouragement, la compagnie Air Algérie a réduit de 50 % les tarifs pour les déplacements en groupe de plus de 10 personnes vers le sud du pays. Mais, le coût ?'touristique'' demeure toujours élevé par rapport à d'autres destinations offertes à l'étranger. « Pour un voyage touristique à l'intérieur du pays qui exige une dépense de 4 millions par personne, il n'en faut que la moitié pour se payer un séjour en demi pension à l'étranger ! », indique M. F. Larbaoui. Par ailleurs, ce dernier notera avec satisfaction que « les nouvelles facilitations décidées sur le plan de la délivrance des licences d'exploitation des agences touristiques ne manqueront pas d'apporter sur le terrain une meilleure concurrence et un meilleur service aux clients».

Il semble même que le ministre du Tourisme envisage de lever les sanctions de « retrait des licences à vie » qui touchent certains voyagistes. Une interdiction d'exercer durant quelques années devrait être décidé en leur faveur, a-t-on appris à ce propos de sources concordantes. Enfin, parmi les actions qui laissent croire qu'une réelle volonté d'aller de l'avant pour offrir tous les atouts au développement du tourisme local, il y a aussi cette attention accordée par M. Med Lamine Hadj Saïd «au renforcement de l'investissement notamment dans les régions du Sud qui manquent considérablement de structures d'hébergement à travers la réalisation de villages touristiques en adéquation avec les critères architecturaux qui caractérisent cette région tout en veillant à la protection de l'environnement».