En l'espace de 48 heures, 25 Algériens sont morts sur les
routes et 96 autres ont été blessés dans 50 accidents de la circulation
survenus à travers 22 wilayas du pays. Le bilan de la Gendarmerie nationale est
éloquent et les chiffres quotidiens sur cette véritable hécatombe suffisent à
rappeler cette amère vérité sur l'incapacité de l'Etat à mettre fin à un jeu de
massacre qui fait chaque année quelque 3500 victimes en moyenne et 3000
handicapés. Durant le premier semestre de cette année, 1.633 personnes ont
trouvé la mort et 22.332 autres ont été blessées dans 12.879 accidents de la
route. Et comme toujours, un transporteur de voyageurs est impliqué dans
l'accident le plus grave qui a été enregistré ces deux jours. Fatalité ou
négligence, l'Etat semble impuissant à endiguer le phénomène et, si le risque
zéro n'existe pas sur les routes, il est néanmoins inconcevable que les
pouvoirs publics continuent à se contenter de dresser des statistiques et à
instaurer des règles et des lois bien gardées au chaud. L'on se rappelle tous
ces déclarations ministérielles qui se voulaient rassurantes à chaque nouveau
bilan des morts du bitume et les annonces à effet de manche servies pour la
galerie sans qu'aucune mesure concrète ne vienne mettre le holà au massacre.
Alors, faut-il à chaque fois qu'un Algérien meurt sur la route écrasé lui et sa
famille par un poids lourd assassin se souvenir des fameux chronotachygraphes,
ces mouchards qui devaient être installés «prochainement» sur les bus et les
camions ? Ce «prochainement» qui ne veut pas venir alors que le texte de loi
existe et stipule que «tout véhicule de transport de marchandises dont le poids
total autorisé en charge est supérieur à 3.500 tonnes et de transport de
personnes de plus de 15 places doit être équipé d'un dispositif de contrôle et
d'enregistrement de la vitesse». Alors pourquoi ne les a-t-on pas placés ?
Qu'attend le gouvernement pour imposer, depuis le temps, et les trois mois
demandés par les transporteurs, l'installation de ces mouchards pour diminuer
au moins le nombre des morts sur la route ? Les statistiques le montrent bien,
les poids lourds et les bus sont de plus en plus impliqués dans de très graves
accidents. Et que dire du permis de conduire à points qui attend toujours son
entrée en application ? Alors que tous les paramètres techniques ont été
publiés sur le Journal Officiel n°62 et le décret exécutif n°11-376 du 12
novembre 2011, l'Algérien désespère de le voir sur le terrain pour qu'au moins
on ne laisse plus le volant entre les mains de chauffards qui se transforment
en assassins. Le permis à points qu'on avait annoncé en grandes pompes en
juillet 2009 et qui devait permettre à l'Algérie du volant de se rapprocher de
ce qui se fait dans les autres pays développés, est toujours retardé par
l'absence d'un fichier national de permis de conduire. Rappelons que l'Algérie
a été classée, en 2011, à la 13e place dans le classement des routes les plus
meurtrières selon le nombre d'habitants dans le Monde arabe d'après
l'Organisation de prévention routière internationale. Elle est à la 15e place
dans le classement des routes les plus meurtrières du Monde arabe selon le
nombre de tués et à la 29e place du classement international de l'OMS, selon le
nombre d'habitants et se tient à la 93e place du classement international de
l'OMS des routes les plus meurtrières.