L'Algérie est devenue pratiquement le pays où le sac en plastique est le
plus utilisé dans le monde. Pratiquement tous les emballages pour les achats
des Algériens se font par des sacs en plastique. A quelques exceptions près,
seuls les boulangers consciencieux offrent à leurs clients les traditionnels
sachets en papier Kraft pour les produits de croissanterie ou les baguettes de
pain. Le reste, de la pomme de terre aux shampoings et en passant par les
vêtements de luxe est emballé dans du plastique. Une tragédie environnementale
pour les écologistes algériens, d'autant que le ministère de tutelle n'a pas de
solutions pour éradiquer ce «mal». Pis, le plastique, une matière issue du
pétrole, présente la très fâcheuse caractéristique de n'être pas biodégradable
et reste en l'état durant des milliers d'années. Et, dans cette problématique
qui taraude les spécialistes et autres amoureux de la nature, la ministre de
l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire, Dalila Boudjemaa, affirme
qu'il «est impossible de pouvoir éradiquer ce phénomène». Elle
a précisé lors d'une visite de travail mardi dans la wilaya de Aïn-Defla que
«si l'on arrive à réduire de 50 % le recours aux sachets, ce sera assurément
pour nous une réussite». Les chiffres font peur : en Algérie, 6,5 milliards de
sacs en plastique sont utilisés annuellement, soit environ une moyenne de 200
sachets/an est consommée par chaque Algérien. Un constat inquiétant, d'autant plus que
selon la ministre, le secteur de la fabrication de sacs en plastique compte
quelque 600 entreprises, la plupart ayant monté leur affaire dans le cadre du
dispositif de l'emploi de jeunes. «La majorité de ces entreprises n'étant pas
arrivées à amortissement, nous ne pouvons pas, de ce fait, interrompre leur
activité car cela équivaut à la suppression de 9000 emplois», déplore la
ministre qui exprime en même temps l'incapacité de son ministère à lutter
contre la prolifération phénoménale des sacs en plastique dans les différents
circuits commerciaux. Des solutions ayant essentiellement trait à la
normalisation du sachet par la modification de ses dimensions et de son poids
ont, par ailleurs, été trouvés avec les entreprises de production des sacs en
plastique, a relevé la ministre. Et, au lieu d'avoir plusieurs petits sacs de
trois grammes, il est préférable d'avoir un sachet plus grand, a expliqué la
ministre, faisant état d'une taxe sur le sac qui fera que le consommateur n'y
aura recours que dans le besoin. Elle ajoute que «tout compte fait, c'est la
gratuité du sac qui fait que celui-ci est présent partout». Parallèlement, des
opérations de «déplastiquage» effectuées par les jeunes auront lieu, a-t-elle
souligné, faisant état de l'acquisition de machines d'une capacité de 200
kg/l'heure chacune pour laver et transformer ces sacs en vue de leur recyclage.
Une opération qui aurait peu de chances de perdurer, après l'expérience des
sachets en papier lancée dans les années 2000 par l'ex-ministre de
l'Environnement, Cherif Rahmani, pour remplacer le «plastique». Une opération
qui avait fait, il faut le rappeler, «long feu». Une situation d'autant plus
dramatique pour l'environnement en Algérie que les complexes de production
d'emballages en papier Kraft et carton, notamment pour les aliments (pain
légumes,...) ont disparu, avec l'émergence d'une industrie «tueuse», celle de
la plasturgie. Faut-il rappeler également ici qu'après la mer de plastique
découverte dans le Pacifique, un océan de plastique plus grand que la France,
la Belgique et le Luxembourg réunis a été découvert dans l'Atlantique Nord? En
Algérie, la situation, faute d'une étude sérieuse, serait plus inquiétante.