La vente des psychotropes constitue, encore et toujours, un véritable
casse-tête pour les pharmaciens. « Au rythme où vont les choses et face aux
dangers qui guettent les pharmaciens, les officines pharmaceutiques envisagent,
sérieusement, un boycott général de la commercialisation des médicaments psychotropes
», nous a déclaré, hier, le responsable du Snapo à Constantine, M. Raouf Aïeb.
Réagissant à l'agression dont a été victime un pharmacien, lundi dernier, en
fin d'après-midi, à la nouvelle ville Ali Mendjeli, M. R. Aïeb affiche son
indignation profonde et celle de toute la corporation des pharmaciens, non sans
annoncer des mesures ou des positions à adopter pour faire face à ce genre de
situations. « La vente de psychotropes est une affaire éreintante, voire un
cauchemar, pour le pharmacien. Imaginez un peu que, au-delà du service public
qu'on doit assurer, pour gagner 30 dinars imposables, nous sommes confrontés au
parcours du combattant, car le pharmacien est obligé de suivre, dans ce sens,
un itinéraire qui le contraint à passer devant les services de sécurité et
aller jusque devant le tribunal dans le cas où le client nous entraînerait dans
un malheureux développement des évènements, et en terme de rendement ce sont,
au moins, quatre journées de travail qui sautent de l'agenda. Une perte énorme
de temps et d'efforts qu'on ne peut plus supporter », relève notre
interlocuteur. Pour ce qui est du pharmacien qui a été sauvagement agressé, à
l'intérieur de son officine, sise à la cité 490 logements, à la nouvelle ville
Ali Mendjeli, il relatera sa mésaventure avec beaucoup de peine. « J'ai été
attaqué par un individu qui est rentré dans une violente colère lorsque je lui
ai répondu que les médicaments qu'il voulaient se procurer, des psychotropes en
l'occurrence, n'étaient pas disponibles », indique-t-il. Frappé par un coup de
poing au visage, ce qui lui vaudra un arrêt de travail de 12 jours, délivré par
le médecin légiste, le pharmacien se trouve dans un état de choc et de
consternation. «J'ai peut-être évité le pire en m'en sortant avec un nez fracturé,
car l'assaillant promettait de me faire évacuer dans une ambulance et ne
voulait rien entendre d'autre que de quitter l'officine avec ses médicaments »,
ajoutera la victime, non sans indiquer qu'une plainte a été déposée au
commissariat contre l'assaillant. La victime reconnaîtra implicitement «éviter,
depuis quelque temps, de s'approvisionner en médicaments psychotropes », comme
c'est le cas de le dire pour plusieurs autres pharmaciens, et c'est de là
qu'est né ce sentiment de désarroi chez les clients, lesquels croient, après
avoir fait le tour des pharmacies, sans trouver ce qu'ils cherchent, qu'on
refuse de les servir. « D'où, sans le justifier, ni chercher à lui trouver des
causes plausibles, ce comportement agressif de certaines personnes soumises à
un traitement en psychotropes», estime, dans ce sillage M. R. Aïeb. En quelque
sorte, si l'on se fie aux attitudes en question et à cette tendance chez les
pharmacies, le boycott de la vente des médicaments psychotropes est déjà
appliqué d'une façon tacite. En tout cas, le Snapo compte, dans les prochains
jours, «soumettre une proposition aux services de sécurité pour les doter d'un
numéro vert et intervenir, assez rapidement, lorsqu'un quelconque pharmacien
lance un SOS. A défaut, plus aucune officine pharmaceutique ne vendra de
médicament psychotrope», lance sur un air de menace le responsable du Snapo à
Constantine.