![]() ![]() ![]() Elargissement du mandat de la Minurso : Le Congrès US veut des pressions sur Mohamed VI
par Moncef Wafi ![]() Dans une lettre conjointe du sénateur républicain, James Inhofe, de l'Oklahoma, et du sénateur démocrate, Patrick Leahy, du Vermont, le Congrès américain appelle le président Barack Obama à insister sur la question des droits de l'homme des Sahraouis. « Nous vous adressons cette lettre pour vous demander d'examiner la question des violations, incessantes, des droits de l'homme au Sahara Occidental, avec le roi marocain Mohamed VI, au cours de sa prochaine visite aux Etats-Unis », note la lettre. Le contexte est la rencontre du président des USA avec le roi Mohamed VI, prévue le 22 novembre, prochain, à Washington. Les deux influents sénateurs demandent, en substance, à Obama d'exhorter le roi marocain à cesser d'entraver la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme, au sein de la mission des Nations unies, au Sahara Occidental (Minurso). « Nous vous demandons de presser le roi Mohamed VI de cesser son opposition à la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso », écrivent les sénateurs. Ils affirment que l'élargissement de cette dernière à un tel mécanisme devra permettre d'appliquer, d'une manière plus efficiente, une des principales recommandations du rapport sur le Sahara Occidental adressé, en avril dernier, par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, au Conseil de sécurité. Un Conseil qui a, pourtant, pris la décision de ne pas étendre le mandat de la Minurso aux questions des droits humains, dans le territoire. Les deux rédacteurs de la lettre ont tenu à rappeler à Obama que cet élargissement du mandat de la Minurso a été, expressément, préconisé et par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU et par le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, et que Ban Ki-Moon avait, clairement, souligné l'urgence « d'une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l'homme, au Sahara Occidental », devant les violations des droits de l'homme dans la région. Rappelons que c'est Washington qui est derrière le projet de résolution pour étendre le mandat de la Minurso, au respect des droits de l'Homme. Les Etats-Unis avaient espéré que l'ONU, à travers ses représentants dans la région, puisse enquêter sur les atteintes aux droits de l'homme, au Sahara Occidental, annexé par le Maroc depuis 1975. Des droits de l'homme violés, systématiquement, par Rabat et dénoncés par le Front Polisario (Front pour la Libération de Sakia El Hamra et Rio de Oro), et des organisations de défense des droits de l'homme. Des droits, insuffisamment, protégés par la Minurso, avait déjà constaté le Front Polisario. Le projet américain tendait à élargir les missions de la Minurso à la surveillance et l'information, en matière de droits de l'homme. Créée le 29 avril 1991 par la résolution 690 du Conseil de sécurité, la Minurso a pour responsabilités premières la surveillance des forces en présence ainsi que la préparation du référendum, sur le statut final du Sahara Occidental. Après le référendum, la Mission avait pour mandat de surveiller le cessez-le-feu. Si le cessez-le-feu est globalement respecté, le référendum prévu en 1992 est constamment reporté du fait de l'absence de consensus entre les parties. Une demande également formulée par le Centre américain ?Robert F. Kennedy' pour la justice et les droits de l'homme (RFK Center) qui avait dressé, en septembre 2012 un rapport accablant sur le Maroc pour sa violation des droits de l'homme des Sahraouis et appelant à l'urgence de l'instauration d'un « mécanisme international permanent, afin de protéger les droits de l'homme du peuple sahraoui ». Force est de constater que depuis 2011 et dans le sillage des événements sanglants de Gdeim Izik, les Etats-Unis manifestent, davantage, d'attention à la question des droits de l'homme, dans la région. Les Sahraouis avaient érigé, en novembre 2010, un camp à Gdeim Izik près d'El Ayoun, capitale occupée du Sahara Occidental, pour revendiquer, pacifiquement, leurs droits, dont celui à l'autodétermination. Le démantèlement violent du camp par les forces d'occupation marocaines, avait fait plusieurs morts et blessés. Le Congrès américain avait adopté, en décembre 2012, une loi qui exige du département d'Etat de s'assurer du respect des droits de l'homme au Sahara Occidental, préalablement, à l'octroi de toute aide financière militaire au Maroc. MM. Inhofe et Leahy ont expliqué que la création d'un tel mécanisme devenait « urgente, à la lumière des récents événements » rappelant qu'outre la torture, les disparitions forcées et les restrictions sévères, à la liberté d'expression et d'association, commises contre les Sahraouis par le Maroc, une fosse commune a été découverte, récemment, dans laquelle avaient été jetés des Sahraouis exécutés par les autorités marocaines et dont un rapport avait été établi par une équipe d'experts espagnols. Les deux sénateurs ont défendu l'élargissement du mandat de la Minurso qui « permettrait, non seulement de clarifier l'étendue et la responsabilité de ces abus, en matière des droits de l'homme mais aussi de réduire la violation de ces droits au fil du temps ». |
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