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En focalisant sur le grief du refus des autorités algériennes
à leur demande réitérée de réouverture de la frontière entre les deux pays, le
Trône et le Makhzen ont inspiré et entretenu une campagne anti-algérienne qui
aurait pu mettre Alger en difficulté diplomatiquement et moralement tant ils
ont joué habilement sur le registre de la responsabilité unilatérale du pays
voisin dans la persistance d'une situation effectivement déplorée parce que
préjudiciable à tous points de vue à la stabilité et au développement dans la
région.
Ces mêmes Trône et Makhzen marocains ont toutefois ruiné l'ascendant polémique qu'ils ont semblé avoir pris sur cette question sur les autorités algériennes et cela en ouvrant une autre campagne anti-algérienne basée cette fois sur la dénonciation du fait que l'Algérie ait « osé » affirmer qu'elle soutient le principe de l'extension de la mission onusienne (MINURSO) au contrôle du respect des droits de l'homme en territoire occupé du Sahara Occidental. Mais une campagne anti-algérienne qui tourne à leur confusion tant elle fait apparaître le Maroc provocateur et de mauvaise foi à l'égard de l'Algérie voisine. En se refusant à voir dans la position algérienne la convergence qu'elle exprime avec celle de la majorité de la communauté internationale, le Trône et le Makhzen ont abouti au résultat inverse qu'ils ont assigné à leur campagne. A savoir qu'à travers le procès fait en la circonstance par le Maroc à l'Algérie c'est en fait celui de tous les partisans de cette position que Rabat a tenté d'ouvrir. L'autre « erreur stratégique » comme Ramtane Lamamra a qualifié les bourdes marocaines dans cette campagne, commise par le Trône et le Makhzen, est qu'ils l'ont accompagnée de provocations aussi vulgaires qu'inacceptables tant pour les Algériens que pour la communauté internationale. Ils ont fait le mauvais calcul de croire que les accusations qu'ils ont portées contre l'Algérie seraient prises pour argent comptant et lui vaudront des pressions internationales pour la pousser à ne plus soulever la question du Sahara Occidental et plus particulièrement celle du volet dans ce dossier des droits de l'homme. Les autorités algériennes ont eu raison de garder leur sérénité face aux provocations et accusations dont l'Algérie a été la cible en cette campagne. Elles ont laissé le Maroc s'enferrer dans une tension entre les deux pays dont les causes et motivations découlent de l'entêtement du Trône et du Makhzen à faire de l'Algérie une partie du conflit bilatéral entre le Maroc et les Sahraouis et la source de ses «ennuis» sur la question des droits de l'homme au Sahara Occidental. Les provocations marocaines ont certes irrité ces autorités, mais elles ont eu l'intelligence d'observer de la retenue à leur réplique, laissant Rabat s'empêtrer dans les «justifications» à son hystérie anti-algérienne en ne lui fournissant pas d'échappatoire qu'auraient constituée pour elle des réactions algériennes de la même veine provocatrice et agressive. Même les alliés traditionnels du royaume estiment que pour ce coup Mohammed VI et ses courtisans sont allés trop loin et ne manquent pas de lui faire discrètement comprendre qu'il s'est mis cette fois dans le mauvais rôle au sein de leurs opinions nationales. Même les médias français si prompts à dégainer contre l'Algérie à chaque pic de tension entre le Maroc et elle, observent en l'affaire un mutisme caractéristique de la gêne qu'ils ont face à la perte de contrôle de leurs nerfs par le Trône et le Makhzen. Inviter donc les autorités algériennes à se départir de leur « sérénité et retenue » revient en fait à leur demander d'offrir à Rabat le prétexte de réanimer la marocophilie qui en Europe et en France a été à son service dans ses campagnes anti-algériennes. |
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