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EL-BAYADH: La ville étouffe sous le poids des véhicules

par Hadj Mostefaoui

P as moins de 12.000 véhicules, tous types confondus sans compter les deux-roues, prennent d'assaut dès les premières heures de la matinée et jusqu'à une heure tardive de la soirée toutes les artères, boulevards, rues et ruelles de la ville. Pas une seule rue ne connaît le moindre répit. La ville étouffe sous le poids de ces incessants et interminables convois de véhicules dont les conducteurs ne laissent aucune chance aux piétons, qu'ils traitent quel que soit leur âge d'indus occupants venus piétiner leurs plates-bandes.

Les rares feux tricolores qui ont la chance de fonctionner encore, dressés au niveau des carrefours du centre-ville donnent le tournis aux automobilistes et aux piétons. Il ne faut guère se leurrer, certains automobilistes, daltoniens précoces, confondent les couleurs des trois feux de signalisation et seuls les agents de l'ordre public chargés de réguler la circulation en font quotidiennement les frais. Il faut reconnaître le courage dont ils font preuve car c'est au péril de leurs vies qu'ils assument cette fonction de régulation du trafic automobile au beau milieu d'une circulation dense et désordonnée. Personne ne souhaiterait être à leur place quelle que soit l'heure de la journée. Ces derniers, dépassés par le flux ininterrompu des véhicules et par l'incivisme de certains chauffards, perdent le nord. Des feux tricolores, installés au niveau de carrefours névralgiques, inopérants à longueur de journée accentuent davantage la pression qui s'exerce sur les agents de police en créant un désordre inqualifiable dont seul l'agent de police en subit les conséquences en même temps que les foudres des chauffards impatients. Un spectacle indescriptible s'offre aux usagers des voies piétonnières qui doivent s'armer d'une bonne dose de patience pendant plusieurs quarts d'heure avant d'emprunter les passages cloutés mille fois repeints mais presque invisibles sur la chaussée, qui leur sont réservés. Il n'y a qu'à se rendre aux carrefours situés à un jet de pierre du siège de l'hôtel de ville et des écoles primaires « El Amal » et « Najah » pour se rendre compte de visu de l'anarchie et le désordre qui règnent sans partage en ces lieux. L'unique rond-point de la place Emir Abdelkader, en centre-ville, qui devait faire la fierté des Bayedhis, se transforme en un véritable cirque et une aire de stationnement improvisés aux heures de pointe et les fréquents passages des cortèges funèbres ou nuptiaux n'arrangent guère les choses. Faisant fi des règles les plus élémentaires de la circulation urbaine, des tourtereaux ont pris la fâcheuse habitude de se prendre en photo au beau milieu de cette esplanade et c'était juste ce qui manquait pour améliorer un tableau condamnable.

Il ne faut pas s'étonner de voir des bouchons sur plusieurs kilomètres qui se forment et serpentent sur plusieurs centaines de mètres et des automobilistes fous furieux qui vocifèrent dans tous les sens. Le salut viendra certainement de la mise en application du plan de circulation et sur ce point notamment, la direction des transports devra bien y réfléchir par deux fois avant de le mettre en application. Des chaussées défoncées et des nids-de-poule aussi larges que des cratères, signalés en plusieurs points, suite à des affaissements de terrain ou aux travaux de voirie qui s'éternisent, voire même abandonnés depuis plusieurs mois, tel est le triste spectacle qu'offre un chef-lieu de wilaya dont le cadre de vie se dégrade au fil des semaines. Assiste-t-on à une descente aux enfers de cette ville ? s'interrogent légitimement des citoyens qui constatent avec regret que leur ville périclite.

Il ne s'agit nullement d'une équation à plusieurs inconnues et insoluble, selon ce professeur de lettres, qui crie à haute voix en dénonçant le laxisme des élus communaux et responsables locaux de cette ville. Cette situation déplorable, poursuit notre interlocuteur, mérite d'être intelligemment prise en charge et ce n'est pas la mer à boire. Il faudrait éradiquer ce mal qu'est le désordre qui règne dans la gestion de l'actuel plan de circulation, devenu obsolète. La cause de ce laisser-aller est à chercher du côté des élus communaux et des responsables locaux comme nous le confiera ce même professeur, qui conclura qu'il ne faudrait pas être grand clerc pour rendre les voies piétonnières à leurs propres usagers. Les enfants scolarisés sont terrorisés, avant et après les heures de classes, devant leurs établissements scolaires par ces chauffards inconscients qui ne leur cèdent jamais le passage et que rien ne semble dissuader. Les rares artères de la ville n'ont pas été étudiées et conçues pour tolérer ce volume de véhicules, en témoigne le nombre de sens interdits existants, qui ne dépasse pas les doigts d'une seule main.

L'étude du dernier plan de circulation de la ville remonte au début des années quatre-vingt et son actualisation ne semble guère préoccuper les élus communaux censés prendre en charge cet épineux et complexe dossier. Ce fameux plan de circulation est-il aussi insoluble ? s'interrogent des citoyens fous de rage qui désespèrent en constant que leur paisible ville, autrefois un véritable havre de paix et de tranquillité, a perdu son cadre convivial d'antan. Pour de nombreux visiteurs qui viennent de loin et pour la première fois dans cette ville, retrouver le fil d'Ariane qui les conduira à n'importe quel quartier ou à n'importe quel siège d'une administration, ressemble à un véritable calvaire en raison du manque de plaques directionnelles qui se confondent avec celles fixées sur des troncs d'arbres et des lampadaires par des commerçants. L'occupation illégale et inexplicable des voies piétonnières par des tenanciers de cafétérias, notamment sur l'artère principale de la ville ainsi que par l'étalage de tout un éventail de divers produits de maroquinerie, de maraîchage et enfin la brusque réapparition d'une multitude de marchands à la sauvette sur plusieurs places et espaces publics, n'arrange guère les choses. Le perron de l'hôtel de ville n'a pas été lui aussi épargné par ce phénomène, à la grande surprise de tous, il vient d'être colonisé par de mini-stands de débit de tabac, sous le regard médusé des administrés. Une situation qui exige une véritable relance de l'opération dite d'assainissement des voies de circulation et enfin de réhabilitation du cadre de vie du citoyen, mais cela exige une bonne dose de civisme de la part du citoyen jaloux de sa ville et surtout du sens de responsabilité des élus locaux qui sont censés donner l'exemple.