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La baisse de la
valeur du dinar va-t-elle se traduire par une hausse des prix intérieurs ? A
cette question inquiète, la Banque d'Algérie et le ministère des Finances
répondent par la négative.
A près avoir minimisé l'ampleur de la dépréciation du dinar dans une première note d'information publiée la semaine dernière, la Banque d'Algérie a récidivé en affirmant que loin de provoquer une accélération de la hausse des prix internes, la «légère» dépréciation du dinar, qu'elle concède avoir mesuré depuis mai- juin 2013, devrait au contraire être compensée par la tendance sensible à la désinflation des prix observée depuis le début de l'année 2013. PAS PLUS DE 4% D'INFLATION EN 2013. Le ministre des finances et la Banque d'Algérie sont montés au créneau au cours de la semaine écoulée pour tenter de rassurer une opinion nationale inquiète. Devant les parlementaires, Karim Djoudi, a relevé que si en 2012, l'inflation a atteint un taux moyen de 8,9%, la tendance est à la décroissance graduelle en 2013. « Nous étions à 4,5% en août et nous sommes à 4,1% en septembre et nos hypothèses sont que nous nous rapprocherons d'un taux de 4% en fin d'exercice ». Les explications de la Banque d'Algérie sont plus techniques. Dans sa deuxième note d'information publiée en une semaine, elle relève que la désinflation entamée au début de l'année 2013 se confirme tendanciellement au 4e trimestre en cours. La Banque centrale constate notamment, dans le prolongement de beaucoup d'analyses des dernières années, que les prix algériens restent, de façon structurelle, faiblement impactés par l'inflation importée. «Les produits à fort contenu d'importation ne représentent que près du quart de l'indice des prix à la consommation en Algérie» observe la Banque d'Algérie en précisant qu'une moitié seulement des importations du pays est libellée en euros. DES PRIX AGRICOLES EN BAISSE Un autre facteur favorable, conjoncturel celui là, devrait contribuer à renforcer la baisse de l'inflation en 2013 et permettre d'atteindre des résultats encore meilleurs que prévus cette année. La bonne nouvelle vient des prix des produits agricoles importés qui ont enregistré une baisse sensible (- 5,4% entre janvier et septembre 2013) tandis que les prix des céréales, des oléagineux et du sucre ont baissé respectivement de 20,3%, 9,2% et 8,2% sur les marchés mondiaux. Cette tendance favorable devrait contribuer à la désinflation des prix intérieurs «si la formation des prix par les opérateurs (importateurs/grossistes) était conséquente». La Banque d'Algérie renvoie, une fois de plus, la balle dans le camp du gouvernement et particulièrement du ministère du commerce ainsi qu'elle l'avait déjà fait en début d'année, pour expliquer le pic d'inflation atteint à la fin de l'année 2012. EFFET DE «RESONANCE» Dans ses derniers rapports de conjoncture, la Banque d'Algérie a expliqué que la poussée de l'inflation en 2012 n'avait pas des causes monétaires - ce qui veut dire que l'institut d'émission considère avoir fait son travail en contrôlant l'émission de monnaie- mais se situe dans l'économie réelle. En clair, c'est l'organisation du commerce de gros et de détail qui pose problème. Peu de marchés de gros organisés de produits agricoles, une formation des prix opaque, absence de publicité des prix et de facturation, la faiblesse du contrôle? Tous ces facteurs facilitent et encouragent des hausses de prix abusives et l'abus de positions dominantes renforce ces pratiques. De même, le paiement des transactions en cash et le refus de l'utilisation des moyens de paiement modernes (chèque et carte de paiement) rendraient ces dernières encore moins transparentes, selon l'institution dirigée par Mohamed Laksaci. La désinflation étant en cours avec des résultats qui s'annoncent même meilleurs que prévus en début d'année, faut-il en déduire que les disfonctionnement signalés par la Banque d'Algérie ont disparu depuis l'année dernière? Ou alors - et c'est plus vraisemblable - il faudrait chercher ailleurs les causes réelles de la flambée des prix relevée en 2012. Comme par exemple, un effet des importantes augmentations de salaires accordées en 2011. La Banque Centrale avait, elle-même, évoqué un effet dit de «de résonance» c'est-à-dire de propagation à tous les acteurs économiques, qui incite les vendeurs à «confisquer» l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés. Cela confirmerait le constant que «l'accroissement substantiel de la demande de consommation généré par les fortes augmentations de revenus en 2011 et 2012 n'a probablement pas pu être équilibré par celui de l'offre, notamment pour les produits frais, ce qui a pesé sur les prix de détail». |
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