Effet de résonance
! Parfois, en lisant des articles sur les choses de l'économie, on rencontre
des mots qui résonnent de manière poétique. En apparence seulement. Ou alors il
faudrait établir des relations entre les mots à la Prévert ! Entre la Chine et
la 3G qui arrive en Algérie. C'était comment le Hadith ? Demander le savoir
même en Chine ! Et bien, le chinois Huawei a décidé de venir en Algérie pour
apporter son savoir. En voilà une belle résonance ! Une autre, entendue un
partout, sur les réseaux : à quand un Salon international du livre à Oran
(SILO, cela donne bien non ?) ou à Constantine (SILC ?). Prévert encore : quel
est le rapport entre le grand succès annuel du Sila et le faible réseau de
libraire dans le pays ? Cogitons, cogitons ! Il en sortira des livres de nos
têtes qui combleront les attentes des éditeurs qui trouveront, peut-être, des
libraires sur toute l'année et non pas seulement au Sila. En attendant, les
économistes sont intrigués par un dinar qui baisse en 2013 et une inflation qui
baisse aussi. Pourquoi l'inflation a-t-elle battu tous les records en 2012 ?
Tout simplement parce que les « vendeurs » en tout genre se seraient approprié
le gros de la hausse des salaires consentis en 2011 comme un vaccin contre la
contamination tunisienne. Les classes populaires, « dangereuses » ou «
suspectes » ne sont pas invitées au gros déjeuner qui se déroule chez les
nantis. Les résultats, sortis au compte-goutte de l'enquête de l'Office
National des Statistiques sur les dépenses des ménages le confirment :
l'aisance financière retrouvée de l'Algérie après les violentes et maigres
années 90 profite surtout aux nantis. De l'ordre du 20%. Une surprenante
permanence statistique puisqu'on estimait, dans les années 80 et 90, que
sociologiquement, l'Algérie « officielle » avec ses relais et ses réseaux
incluait 1/5ème de la population. Celle qui vote régulièrement et ne souhaite
pas que ça change. Par « effet de résonance » donc l'aisance financière est,
elle aussi, accaparée par les happy few. Il y aurait entre les deux une petite
middle-class qui se serait reconstituée pour faire « tampon » entre le haut et
le bas. Mais, nuançons, les infos disponibles ne permettent pas de voir la
méthodologie des enquêteurs, ni la qualité des échantillons. Il est certain que
les algériens consomment plus que dans les années 90 où il s'agissait souvent
de survivre, dans tous les sens du terme, à la double pression des violences
politiques et celles de l'ajustement structurel. Mais cette semaine, la
résonance absurde est dans l'interview : construire un bateau en Algérie, c'est
faisable. L'homologuer est impossible. Aucune structure pour le faire.
Résonance : il faut importer des bateaux homologués ailleurs. Le bateau
algérien a beau savoir voguer, on le fera couler. Administrativement. Babor
Ghraq ? Dans les têtes. Et au profit des importateurs, ces faux mal-aimés de
l'Algérie gouvernementale.