Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Conférence de presse des ministres des Affaires étrangères et de la Communication : «Les autorités marocaines savent exactement ce qu'elles doivent faire»

par Ghania Oukazi

Les réponses des deux ministres ont été apportées essentiellement à des questions sur les récentes tensions entre l'Algérie et le Maroc.

Bien que le MAE ait souligné qu'il ne voulait pas que «les relations algéro-marocaines soient le sujet principal de cette conférence», les questions des journalistes ne tournaient que sur cet axe d'actualité. «L'Algérie a des relations traditionnelles et historiques avec le Maroc basées sur des règles qu'il ne faut pas transgresser, car cela signifie qu'il y a une faillite morale de la part de celui qui les transgresse», a-t-il martelé. Des relations, dit-il, que «nous distinguons du conflit du Sahara occidental, nos positions sont constantes et fermes». Ramtane Lamamra a rappelé dans ses premières réponses que «l'Algérie a toujours eu une position sereine ; qu'elle a appelé de tout temps à la sérénité et à la retenue». A ceux qui pensent que cette position est «fébrile» ou «timide» il fait savoir que «tous nos interlocuteurs internationaux ont loué la pondération et la modération de l'Algérie». A juste raison, a-t-il ajouté, parce que «la position de l'Algérie sur le règlement du conflit du Sahara occidental est connue (c'est une question de décolonisation), elle est -en raccourci- conforme à celle de l'ONU et de son secrétaire général. Qu'elle exprime librement et souverainement la nécessité du parachèvement du processus de paix au Sahara occidental, l'Algérie est tout à fait en phase avec la communauté internationale, cela est aussi connu». Lamamra déclare qu'il n'est pas utile de «faire des commentaires chaque jour sur tout ce qui se dit,» et estime que «le silence peut être éloquent.»

Sa première précision sur ce qui s'est passé au Consulat d'Algérie à Casablanca et la profanation de l'emblème national de surcroît un 1er novembre, ce sont deux événements «à distinguer du conflit sahraoui». Il affirme que les actes dirigés contre le Consulat sont «une violation des règlements internationaux qui consacrent l'immunité aux missions diplomatiques à l'étranger. D'ailleurs, dans l'histoire contemporaine, des conflits ont éclaté à cause de ce genre de violation». Il relève cependant que «la circonstance aggravante est la profanation de l'emblème national qu'il faut considérer comme un problème extrêmement important».

«C'EST UNE INSULTE POUR TOUS LES MAGHREBINS !»

Le ministre souligne à cet effet que «les autorités marocaines savent exactement ce qu'elles doivent faire pour sortir de cette impasse, parce qu'elles se sont mises dans une impasse». Il considère même que «ce qui s'est passé est une insulte à tous les Maghrébins qui croient au destin commun de nos pays». Des excuses du Royaume du Maroc constituent, selon lui, «un signe de ralliement pour toutes les bonnes volontés qui s'inscrivent en droite ligne avec ces principes». Le MAE souligne aussi que «l'Algérie a toutes les raisons pour rejeter la thèse de l'acte isolé, les preuves matérielles sont là». Il précise que «nous ne visons ni n'accusons personne, mais nous voulons une enquête pour situer les responsabilités». Enquête à laquelle veut être associée l'Algérie. «Nous ne demandons rien d'exorbitant», dit Lamamra.

Il indiquera toutefois qu' «on est en contact avec les institutions marocaines (?), l'Algérie a la force qu'il faut pour défendre ses intérêts(?), elle est au dessus des campagnes médiatiques (?), ce qui ne signifie pas qu'on manque de défendre nos symboles et nos institutions», a-t-il déclaré.

Le ministre de la Communication rappellera pour sa part que «l'Algérie défend le droit à la décolonisation du Sahara occidental depuis son inscription à l'ONU en 1966 par le Comité des 24. Sa position n'a pas changé d'un iota. Il s'agit d'un consensus international, ce n'est pas un problème algéro-marocain». Le principe de l'autodétermination et la question des droits de l'homme au Sahara occidental sont ainsi posés, ajoute-il, par l'Algérie, les Etats-Unis, l 'Union européenne?».

 «L'ALGERIE OBSERVE»

Le MAE a fait savoir que «l'Algérie ne pratique pas la politique de la chaise vide». Ceci pour affirmer que l'Algérie a reçu une invitation et sera présente à la conférence sur la sécurisation des frontières prévue le 15 novembre prochain à Rabat. Elle a déjà participé à celle qui s'est tenue sur le même thème en 2012 à Tripoli (Libye). «L'Algérie continuera à témoigner sa contribution dans la sécurisation des frontières avec la Libye», a affirmé Lamamra.

Interrogé sur les otages algériens au Mali, le MAE a indiqué, qu'il s'est réuni, hier, avec leurs familles. «Nous sentons une profonde peine(?), nous sommes très touchés à la vue des familles de nos frères otages. L'Algérie est engagée avec toutes ses institutions pour les libérer», a affirmé Lamamra. Il a souligné en outre que «l'Algérie a une présence dans le Sahara et observe toutes les évolutions, elle est sur le terrain(?)». A propos de la libération des otages français, Messahel dément que l'Algérie ait participé «directement» dans toute négociation à ce sujet. Il dément aussi la rumeur sur une tentative d'assassinat du 1er ministre lors de sa visite à Tamanrasset.

Le ministre de la Communication répondra à une question sur la fermeture des frontières sud de l'Algérie en indiquant que «nos frontières sud sont fermées depuis le début des turbulences dans le Nord Mali, ceci pour des raisons évidentes de sécurité nationale». Il précise que «c'est une décision souveraine mais également à la demande de nos partenaires». Cependant, il rebondira sur la déclaration du 1er ministre à partir de Adrar relative à la possibilité de reprise des activités de troc entre les Algériens et leurs partenaires du Mali et du Niger (Voir le Quotidien d'Oran du jeudi 7 novembre 2013. P.4). «Il y a des zones habitées et des relations entre les populations des régions frontalières, leur ouverture sera contrôlée et se fera une fois tous les 15 jours,» a précisé Abdelkader Messahel.

«NOUS SOMMES AVEC LA PALESTINE FAUTIVE OU VICTIME»

Le MAE et celui de l'Intérieur et des Collectivités locales ont signé hier conjointement un mémorandum d'entente pour, a dit Lamamra, «régler définitivement ce problème de l'état civil des Algériens nés ou résidant à l'étranger». Il annonce que d'autres mesures seront prises prochainement pour «davantage de facilités». Le MAE a reconnu que la contrebande aux frontières, notamment est et ouest du pays, a pris une grande ampleur. «La coopération avec la Tunisie existe et est forte, (?), on reste à l'écoute,» a-t-il encore dit.

 Pour ce qui est de la situation des prisonniers algériens en Irak, le MAE a fait savoir qu' «on est en contact avec le gouvernement irakien, on a de lui des affirmations que le problème est traité pour arriver à une solution qui contente toutes les parties». Lamamra se dit prêt à se rendre en Irak «pas seulement pour ce dossier» mais pour renforcer nos relations. D'ailleurs, on s'attend à la venue à Alger d'une haute personnalité irakienne.» L'assassinat d'une jeune algérienne en Libye lui fait dire que «des contacts sont pris pour lever le voile sur cet acte.»

A la question «L'Algérie a-t-elle oublié la Palestine ?», Lamamra répond «je fais partie de la génération qui s'est fixée comme principe de défendre la Palestine «fautive ou victime (dhalima aou madhlouma)» ; il ne faut jamais penser que notre soutien à la Palestine a diminué ou a changé ; on respecte la souveraineté des responsables palestiniens ; on fêtera le 15 novembre prochain l'anniversaire de la création de l'Etat palestinien à Alger ; c'est une étape-pivot principale dans l'histoire de la cause palestinienne».