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Visite de Sellal : Un «rôle africain important» pour Tamanrasset

par Notre Envoyée Spéciale A Tamanrasset: Ghania Oukazi

Le gouvernement tient à faire tenir à la wilaya de Tamanrasset «un rôle africain important» pour constituer «un véritable trait d'union» entre l'Algérie et un continent où des régions entières se consument sous les feux de la fitna et des guerres.

Après avoir effectué mercredi dernier une visite de travail dans la wilaya d'Adrar, Abdelmalek Sellal s'est envolé vers Tamanrasset pour y passer la nuit et débuter tôt le matin du jeudi une randonnée à travers ses immenses territoires pour s'enquérir de leur situation socioéconomique. Y passer la nuit est cependant le premier message politique que le 1er ministre a voulu transmettre aux habitants de la région pour leur montrer que leur région est bien sécurisée. La dégradation de la situation sécuritaire dans la bande du Sahel notamment au Mali l'oblige à rassurer ces habitants qui se sentent à l'étroit en raison de la fermeture des frontières entre eux et les pays africains limitrophes, ceci, depuis le déclenchement de la crise malienne. « Beaucoup d'Etats nous demandent d'être une force de frappe dans la région(?), mais notre principe est de ne jamais nous ingérer dans les affaires intérieures des pays (?), par contre, nous avons les moyens nécessaires pour nous défendre (?), soyez rassurés, l'Etat ne marginalise aucune région, ni personne (?), le gouvernement tient à faire du Sud mieux que du Nord, ceci sur instruction du président de la République (?).» Ce sont pratiquement les propos à forte résonnance politique que Sellal a tenu à distiller tout au long de son périple à travers ces grandes wilayas du Sud qui sont Adrar et Tamanrasset. Wilayas dont les frontières sont sous tensions en raison des fortes turbulences qui ont bouleversées les pays voisins.

 Et s'il a rassuré les agriculteurs d'Adrar de la décision de l'Etat de leur permettre de reprendre leurs activités de troc avec leurs pairs du Niger et du Mali « une ou deux fois par mois », ce n'est pas pour autant que les frontières avec ces pays seront rouvertes de sitôt. C'est ce qu'il a tenu à préciser jeudi dernier à partir de Tamanrasset. D'ailleurs, la reprise du commerce du troc sera, selon des responsables, rigoureusement réglementée et contrôlée. Il a fait surtout part « de la volonté du gouvernement à résoudre les problèmes socioéconomiques de la wilaya en réalisant toutes les infrastructures nécessaires à son développement. Tam est appelé à jouer à l'avenir « au nom de l'Algérie, un très important rôle africain, économique et culturel. » Elle doit ainsi préserver entre autres « le riche patrimoine qu'elle possède depuis la préhistoire. » Sellal démontrera par la preuve des réalisations que la région a enclenché son essor économique depuis plus de dix ans. Il citera à cet effet, la transsaharienne, le réseau de la fibre optique, le transfert de l'eau d'In Salah vers Tamanrasset sur une distance de plus de 700 km réceptionné par tranches sur une période de 5 ans. Sans compter le grand projet de transfert de gaz d'In Salah vers Tam que Sonatrach compte lancer, dit-on, « dans de brefs délais pour alimenter la région en gaz de ville». Sellal leur a promis de renflouer les caisses de la wilaya d'un montant de 30,7 milliards de dinars pour la réalisation de près de 30 nouveaux projets dans les secteurs de la santé, les travaux publics, les ressources en eau, l'agriculture, l'industrie et le transport.

« KOUNOU IMOHAR ! »

Cette rallonge financière permettra selon lui, la construction de 4 hôpitaux à Tam, In Salah, In Guezzam et Tin Zaouatine. Le renforcement de routes nationales et de chemins communaux, l'extension du réseau d'assainissement, des stations d'épuration, de l'électrification. « En attendant le lancement en 2014 du nouveau plan quinquennal pour programmer d'autres projets pour renforcer et moderniser les infrastructures de base et améliorer les conditions de vie des citoyens, » leur promet-il.

 Convié à intervenir lors de la visite du pôle universitaire de Tam par la délégation officielle, le ministre de l'Energie et des Mines a commenté un documentaire sur « les potentialités minières de la région », en affirmant qu'elles sont « absolument immenses. » Yousef Yousfi a souligné qu' « il y a de tout » dans le Hoggar. Il a fait savoir qu'il y a 5 projets d'exploitation de mines d'or qui sont déjà lancés. «Il y a même de l'uranium, sans compter l'argile et le marbre », a-t-il dit. Il a surtout affirmé que la région possède dans ses sous-sols, du tungstène, une matière nécessaire à la lumière. «L'Algérie en a fait de grandes découvertes de cette matière qui coûte cher, elle pourrait même en être exportatrice », a déclaré le 1er ministre dans l'un des amphis de l'université Hadj Moussa Akha Mokh où sont venus l'écouter des étudiants parmi lesquels les femmes sont grandement majoritaires. Une dimension que Sellal salue en précisant que «ceci promet un développement social et culturel appréciable de la région. »

Le ministre de l'énergie a recommandé la formation d'ingénieurs et de techniciens dans tous les domaines miniers. « Et c'est urgent ! », a-t-il souligné. Le ministre de l'Enseignement supérieur pense que les étudiants doivent se spécialiser dans trois filières conformément aux spécificités de la région. Mebarki pense à en faire des pôles d'excellence sous-tendues par l'apprentissage de l'anglais et du français «pour s'ouvrir sur le monde.» Sinon, a renchéri Sellal, «vous n'allez rien comprendre.»

Les caractéristiques industrielles et agricoles ont été mises en avant par le 1er ministre tout en relevant les aberrations des concepteurs de projets de développement. « Il y a une zone d'extension touristique qui a été lancée en dehors de la ville, ce n'est pas normal, les touristes ont besoin d'être au centre-ville pour profiter de ses infrastructures», a-t-il dit. L'état de délabrement dans lequel se trouve l'hôtel Tahar de Tam est une preuve tangible du délabrement du secteur. Ce qui montre que les responsables manquent atrocement d'imagination et surtout de « classe » pour accepter de voir dépérir de si belles et anciennes infrastructures.

« Etudiez et ne croyez pas ceux qui vous disent que votre pays va mal», a-t-il demandé aux nombreux étudiants. «Kounou imohar !» (Soyez libres !),» leur a-t-il lancé en targui.