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Le drame des migrants subsahariens en route vers l'Eldorado européen en passant
par les enclaves espagnoles au Maroc se poursuit. Hier mardi, une personne est
décédée lors d'une nouvelle tentative de franchissement par un groupe de plus
de 150 migrants de la frontière hyper-protégée séparant le nord du Maroc de
l'enclave espagnole de Melilla, ont indiqué les autorités marocaines. Ce groupe
a « tenté de forcer le passage (...) en escaladant la clôture grillagée au
lieudit Rosto Gordo », ont précisé les autorités de Nador, ville voisine de
Melilla. Un migrant est décédé en chutant du haut de la clôture et quatre
autres ont été légèrement blessés, a-t-on ajouté. Mardi à l'aube, des dizaines
de Subsahariens ont organisé l'assaut contre la frontière grillagée qui sépare
le Maroc de l'enclave espagnole où des travaux de consolidation sont en cours,
a annoncé la préfecture de la ville espagnole. Ce nouvel assaut massif s'est
produit dans un secteur situé au nord de Melilla où la frontière n'a pas encore
été renforcée, a indiqué une porte-parole de la préfecture. L'Espagne, face aux
assauts répétés lancés par des centaines de migrants africains ces derniers
mois, a en effet commencé à équiper de fil barbelé et d'un maillage
«anti-escalade», plus serré , certains points du triple grillage qui constitue
cette frontière de onze kilomètres de long et de sept mètres de haut. Mardi
matin, « entre 80 et 100 migrants » ont réussi à entrer à Melilla, sur un
groupe « d'environ 200 » qui s'étaient approchés de la frontière dans la zone
dite de Tres Forcas, a précisé la porte-parole. La décision espagnole de
réinstaller, « pour renforcer la sécurité », des barbelés dans la partie
supérieure de la frontière où ce dispositif avait été supprimé en 2006, a
provoqué des protestations d'organisations de défense des droits de l'homme
ainsi que du Parti socialiste qui a annoncé mardi qu'il s'apprêtait à porter
cette question devant la Commission des droits de l'homme du Parlement
européen.
MESURES DE PROTECTION INHUMAINES Pour durcir davantage la protection des murs de protection des deux enclaves espagnoles au Maroc, les autorités espagnoles ont mis en place des barbelés tranchants « sur la partie supérieure du grillage, à sept mètres de haut » et « en certains points bien précis » de la frontière, a indiqué de son côté un porte-parole de la préfecture de Melilla. Un tel dispositif sur lequel de nombreux immigrants africains s'étaient blessés était déjà en place sur cette frontière jusqu'en 2006, date à laquelle il avait été retiré. En revanche, après les tentatives de passage menées par des centaines de clandestins en 2005, la frontière a été rehaussée et renforcée par un troisième grillage. Elle est aujourd'hui balisée par des caméras et des capteurs ultrasensibles. Le porte-parole indique que les autorités espagnoles ont décidé de réinstaller ces barbelés « pour renforcer un peu plus la sécurité » sur cette frontière de onze kilomètres de long qui enserre l'enclave de Melilla soumise ces derniers mois à un regain de pression migratoire. En outre, cette mesure s'ajoute à l'installation d'un nouveau grillage « anti-escalade », plus serré, pour éviter que les migrants ne s'y agrippent. Amnesty International s'est dite « profondément préoccupée » par la mise en place de barbelés. « La réponse du gouvernement espagnol à la pression migratoire tend à s'éloigner du respect des droits des personnes qui tentent d'entrer dans notre pays et marque un pas en arrière très grave », a écrit l'organisation de défense des droits de l'homme dans un communiqué. Entre le 1er janvier et le 17 septembre 2013, environ 3.000 clandestins ont tenté de franchir la frontière, selon le ministère de l'Intérieur, dont 77% ont été repoussés. 1.610 migrants avaient tenté leur chance de cette façon durant la même période de 2012. LES ONG DENONCENT LA REPRESSION MAROCAINE Les autorités marocaines ont, de leur côté, récemment annoncé un renforcement du dispositif de surveillance autour de Ceuta, et annoncent désormais quasi quotidiennement des dizaines d'arrestations. Plusieurs fois dénoncées par la politique répressive à l'encontre des Subsahariens, les autorités marocaines sont également accusées par les ONG locales et internationales, notamment Human Rights Watch, de complicité avec les Espagnols en particulier et les Européens en général dans le verrouillage des frontières européennes. A Rabat et à plusieurs villes marocaines, dont Nador, Tanger et Oujda, la police marocaine organise périodiquement la traque des Subsahariens en situation irrégulière qui se réfugient généralement dans les forêts proches des enclaves espagnoles, fuyant les durs traitements policiers que l'association marocaine de protection des droits humains (AMDH) a souvent dénoncés. Selon Chakib al-Khayari, responsable de l'Association Rif des droits de l'homme (ARDH) plus d'une quarantaine de Subsahariens sont morts ces deux dernières années en tentant de rentrer à Ceuta et Melilla, dont au moins la moitié en 2013. |
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