Le
gouvernement algérien veut interdire les cours particuliers donnés à des
potaches plus cancres que studieux par des enseignants plus mercantiles que
pédagogues. Le ministre déclare ainsi la guerre aux enseignants qui ont bâti
une véritable économie parallèle sur le dos de parents d'élèves désireux de
voir leurs enfants réussir leur année scolaire. Une Ecole informelle est ainsi
née sur les débris de l'Ecole algérienne sinistrée par des années de
déliquescence et les cours particuliers ont pratiquement pris le pas sur les
programmes officiels distillés par la Tutelle. Beaucoup de griefs peuvent être
reprochés à ces enseignants qui activent dans l'illégalité, échappent au fisc,
encouragent les cours particuliers en faisant parfois du chantage à la note aux
élèves, mais cette pratique n'est pas un cas isolé dans notre pays puisque de
l'aveu même des pouvoirs publics l'Algérie est gangrénée par l'informel. Alors,
faut-il pour autant passer l'éponge sur des enseignants qui, malheureusement,
ne se contentent plus de donner des cours particuliers à un, deux, voire trois
élèves, mais à ouvrir carrément des classes de dizaines d'élèves dans des
garages transformés en la circonstance en salles de cours. Cet exemple illustre
cette tendance à l'extrémisme qui caractérise l'Algérien et qui veut que
personne ne respecte le juste milieu des situations. Le ministre de l'Education
nationale a-t-il donc raison de vouloir mettre le holà à un pan du secteur qui
échappe à tout contrôle ? Oui, tenterions-nous de répondre car même cette idée
de cours particuliers suggère au départ une discrimination sociale qui veut que
le fils du pauvre qui n'arrive pas à suivre son enseignant pendant les cours ne
puisse s'offrir ces mêmes cours chez ce même prof en payant de la poche de son
père. Que faut-il faire donc pour rétablir un peu l'équilibre de l'Ecole ?
Peut-être en réhabilitant les cours de rattrapage en imposant à ces enseignants
friands d'heures supplémentaires de les dispenser en offrant la même chance à
tous les élèves, quels que soient leurs origines sociales. Si ces cours
particuliers avaient une quelconque incidence sur le niveau scolaire des élèves
cela se serait déjà su mais les enseignants jouent sur la fibre paternaliste en
n'hésitant pas à gonfler les notes annuelles de leurs élèves inscrits dans
leurs classes parallèles. Faut-il donc mettre un policier derrière chaque
enseignant, encourager les délations et offrir un (+2) à tout élève qui
moucharderait sur une classe parallèle. Et que risque un enseignant pris la
craie dans la main ? Une radiation du corps enseignant, une lapidation dans la
cour d'école ou des poursuites devant le tribunal pénal international. La
question est loin d'être simple et les réponses encore plus compliquées. Les
enseignants clandestins sont à l'image de ce pays qui fonctionne en dehors de
toute logique rationnelle et où les parallèles, contre toutes les lois de la
mathématique, arrivent à se croiser.