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«Les hydrocarbures
vont rester dominants les 50 prochaines années dans les modèles énergétiques
mondiaux». Bonne nouvelle, l'Algérie en dispose encore à profusion grâce au
pétrole et gaz non conventionnels. Un nouveau consensus national est-il
possible autour de ce discours ? Des spécialistes ont émis plus qu'un doute.
A la convention sur l'énergie organisée jeudi et vendredi dernier par le FFS, les dirigeants du secteur sont venus en force avec un message rassurant très «fossile». Message envoyé avec un grand aplomb par Ali Hached, conseiller du ministre de l'énergie qui affirme que le pic pétrolier imminent est un mythe. Il y aura du pétrole «encore pour de longues années», les réserves sont suffisantes pour couvrir la consommation sur le long terme. Un troisième «âge pétrolier» est ainsi annoncé. Les sujets d'inquiétude récurrents sur l'état des réserves et la capacité à répondre à une demande nationale en hausse sont ainsi évacués. L'optimisme à toute épreuve du conseiller est conforté par le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, très satisfait des «grosses découvertes d'hydrocarbures» au cours des deux dernières années. «Depuis sa création, Sonatrach a réalisé 404 découvertes mais les découvertes des deux dernières années sont si importantes qu'elles permettent d'augmenter nos réserves», a-t-il souligné. La seule concession à cette vision «sereine» de l'avenir pétro-gazier du pays consentie par Ali Hached a consisté à pointer le niveau élevé et insoutenable des subventions énergétiques qui représentent 6,6% du PIB. Il a suggéré d'augmenter «progressivement» les prix du litre de gasoil «polluant et couteux» afin d'en diminuer l'utilisation. C'était l'idée du désormais sulfureux Chakib Khelil qui a cependant cessé, à partir de 2003, d'essayer de préconiser une hausse des prix, en raison du rejet systématique rencontré au niveau de l'assemblée nationale. MEBTOUL : «LE MINISTRE A COMMIS UN IMPAIR?» L'incitation aux économies d'énergie par la réduction des subventions est le seul domaine où les experts «optimistes» du ministère rencontrent les experts «autonomes» et pessimistes mais où l'action est gelée par les impératifs politiques. L'Algérie reste un des champions du gaspillage de l'énergie. La consommation des carburants, souligne Abdelatif Rebah, économiste, a augmenté ces trois dernières années de 10% par an et «on va dans le mur». La consommation en Algérie est de 2 litres de carburants par habitant contre 7 litres/jour dans les pays industrialisés alors que le GPL ne concerne que 5% du parc roulant. Bien entendu, le passage au GPL et GNP (gaz naturel carburant) est une option de bon sens mais sans politique volontariste d'encouragement, cela ne se fera pas. Comme par exemple imposer que les véhicules importés soient équipés d'emblée de Kit Gpl. L'optimisme des officiels, qui a marqué l'ouverture de la convention, a été tempéré par les autres intervenants. Abderrahmane Mebtoul a dit tout haut ce que les autres experts pensent tout bas, du taux de récupération de 50% dans la dernière découverte de Hassi Toumiet annoncé par Youcef Yousfi : le ministre a commis «un impair», a-t-il dit. Mais il a surtout révélé que le déclin du gisement gazier de HassiR'mel est plus rapide que prévue avec un plateau de production passé de 80 milliards de m3 par an (1998-2006) à 60 milliards de m3 par an. En clair, l'offre de gaz conventionnel par l'Algérie est en baisse. L'autre constat est que l'abondance de l'offre en gaz aussi bien russe que qatarie crée une situation fortement concurrentielle sur le marché européen. Le gaz vendu en Europe rapportera moins. AIT LAOUSSINE PRECONISE LA CONSERVATION DES GISEMENTS Nordine Ait Laoussine constate que la tendance à produire au maximum durant les années 2000 a provoqué un déclin des gisements algériens. L'Algérie a consommé les deux tiers de ses réserves pétrolières récupérables et plus de la moitié de ses réserves de gaz naturel. Il préconise la mise en œuvre de «mesures radicales» dont l'intensification de l'exploration et la maîtrise de la consommation nationale. Si l'intensification de l'exploration fait bien partie des réponses officielles, celle de la maitrise de la consommation nationale est loin d'être une réalité. Finalement la convention nationale du FFS «pour la reconstruction d'un consensus énergétique» a surtout révélé la «détermination» des dirigeants du secteur à poursuivre une politique d'extraction intensive des hydrocarbures dans une nouvelle version avec les pétrole et gaz non conventionnelles. Discours triomphaliste et malaise palpable. La réalité du secteur en 2013 est bien celle de l'explosion de la consommation domestique et du déclin des gisements conventionnels. Ceux qui génèrent la rente. |
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