L'opposition et
les partis proches de la mouvance islamique, au pouvoir en Tunisie, ne sont pas
parvenus à s'entendre sur la désignation du futur Premier ministre, et ouvrir,
dès lors, la voie à un début de règlement de la crise politique, dans le pays.
Hier, dimanche, le principal syndicat ouvrier tunisien, l'UGTT, qui gère ces
négociations, a donné, jusqu'à aujourd'hui, lundi, à midi, aux deux parties
pour désigner un Premier ministre pour la Tunisie, entre Mohamed Ennaceur et
Ahmed Mestiri, un cacique de l'ancien régime de Habib Bourguiba. Les
négociations sur le futur Premier ministre, indépendant, vont se prolonger pendant
«un ou deux jours», alors que la date butoir initiale a été fixée à samedi.
«Nous ne sommes pas parvenus à un consensus sur le Premier ministre (...) nous
allons continuer les discussions pendant, encore, un ou deux jours pour arriver
à un consensus», a indiqué Ameur Larayedh, représentant d'Ennahda. Les
négociations entre l'opposition (laïque) et les islamistes, au pouvoir, doivent
reprendre, ce lundi, vers 08H. Si la situation reste bloquée, c'est, notamment,
de l'intransigeance des deux parties à ne pas s'entendre sur le successeur de
Ali Larayedh, du mouvement Ennahda. En outre, l'opposition tunisienne tient à
ne plus faire l'expérience d'un gouvernement islamiste, ou proche de celui-ci,
Ahmed Mestiri étant un candidat des islamistes. C'est ainsi que l'opposition
juge M. Mestiri, trop faible physiquement, et craint qu'Ennahda cherche à
contrôler, indirectement, le gouvernement. «Ennahda veut quitter le pouvoir par
la porte et revenir par la fenêtre», a lancé, dans la nuit de samedi à
dimanche, Hamma Hammami, un dirigeant de la coalition de gauche Front
populaire. «Ils veulent nommer quelqu'un pour prendre les décisions à sa
place», a-t-il ajouté, estimant que M. Mestiri n'avait pas la forme physique
pour «travailler quatorze heures par jour». «Nous considérons que Mestiri est
l'homme de la situation. Il est à égale distance de tout le monde», a estimé,
de son côté, un porte-parole d'Ennahda, Zied Laadhari. La désignation d'un
Premier ministre est un début de sortie de la crise politique, en Tunisie, avec
la formation d'un nouveau gouvernement, et partant un rapide retour à la
légalité, dans le pays. Pour autant, la menace terroriste reste de mise, comme
le confirme la prorogation de l'état d'urgence, de huit mois, à juin 2014.
C'est le président Moncef Merzouki, lui-même, qui l'a annoncé, hier, dimanche,
alors que les attentats terroristes compliquent, davantage, la situation dans
le pays. La présidence tunisienne n'a apporté aucune précision supplémentaire
mais signe de la tension accrue, l'état d'urgence, qui accorde de larges
pouvoirs à la police et l'armée, a été prolongé de huit mois, alors que depuis
un an demi, il l'était par tranche de un ou trois mois. Pour de nombreux
observateurs, la crise politique est totale, en Tunisie, et il serait difficile
aux protagonistes, d'arriver vite à un consensus global de sortie, d'autant que
le pays n'a pas encore de constitution, alors que le terrorisme gagne du
terrain. L'assassinat de deux opposants, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, fait
peur, par ailleurs, aux Tunisiens.